Le nationalisme hindou : réinventer la trardition

Il est courant de distinguer le nationalisme « ouvert », fondé sur le territoire et la nationalité, et le nationalisme « fermé », fondé sur la culture, la langue, l’ethnie… Comment se constitue l’idéologie nationaliste dans le cas du nationalisme fermé ? L’exemple du nationalisme hindou permet d’en comprendre les mécanismes de manière saisissante.

Le modèle nationaliste hindou s’est constitué entre les années 1920 et les années 1950, puis s’est maintenu doucement avant de revenir en force à la fin des années 1980. Selon Christophe Jaffrelot, ce nationalisme s’est développé selon deux axes. Le premier relève d’un « syncrétisme stratégique ». En 1925, des idéologues créent la RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), un groupuscule à tendance autoritaire, par ailleurs teinté d’une dimension spirituelle. Ce mouvement se propose de rénover le sentiment d’hindouité en puisant dans une tradition, celle de l’unité et de la complémentarité du système des castes (varna). Sa stratégie s’appuie sur le sentiment de vulnérabilité de l’identité hindoue, la faute en incombant à la domination de l’autre (fût-elle réelle ou supposée), qu’il soit le colon chrétien ou le musulman. En réaction à cet affaiblissement, les doctrinaires nationalistes entendent réformer la société, en puisant dans les éléments de la tradition, en particulier dans ceux qui ressemblent aux traits culturels de l’autre.