Mieux partager les richesses, en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme et abolir les oppressions de classe : les promesses de l’utopie communiste ont été un des moteurs majeurs de la critique du capitalisme au 20e siècle. En donnant aux masses prolétaires le contrôle des moyens de production, il semblait possible de faire advenir, ici et maintenant, la cité idéale rêvée par Thomas More. Une économie planifiée permettrait de mettre en place de grands projets modernisateurs, et le progrès technologique aurait le rôle d’assurer une abondance de biens pour tous.
Cette vision est formulée de manière particulièrement efficace par Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895). Les deux intellectuels sillonnent l’Europe et découvrent les conditions de vie déplorables de la classe ouvrière anglaise. Ils développent un projet révolutionnaire qui sera porté par le Parti communiste allemand. Ce dernier est créé à Londres en 1847, lors d’un congrès pour lequel Marx écrit le fameux Manifeste du Parti communiste (1847).
Mais c’est en Russie, à l’issue de la Révolution d’octobre 1917, que le communisme trouve les conditions politiques et matérielles pour arriver au pouvoir et mettre en place la société rêvée par la IIIe Internationale. Pour mieux symboliser le fait que les Soviétiques ne contrôlent pas une nation, mais qu’ils poursuivent une idée, la Russie change de nom. Elle devient en 1922 l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Les intellectuels communistes français invités en voyage officiel par l’URSS se chargeront de faire l’éloge des villages Potemkine qu’ils traversent : là-bas, témoignent-ils à leur retour en France, s’invente une société plus juste où les travailleurs sont heureux.
Tout autre est la réalité
Mais le mythe se fissure progressivement : les transfuges qui réussissent à fuir l’URSS dépeignent une tout autre réalité. En 1956, le rapport Khrouchtchev détaille les crimes qui ont été nécessaires à Joseph Staline (1878-1953) pour se maintenir au pouvoir : la traque frénétique de tous ceux considérés comme des ennemis du Parti et la déportation dans les goulags. L’écrivain Alexandre Soljenitsyne (1918-2008) achève l’utopie communiste en décrivant le territoire communiste comme un Archipel du goulag (1973).