Né à la fin du 19e siècle, le sionisme est tout à la fois une idéologie et un mouvement politique ayant pour objectif la reconstruction d’une nation juive, dans un cadre étatique, en Palestine. Bien qu’il se nourrisse de l’attachement millénaire à la terre d’Israël (la Sion biblique), il n’en est pas le simple prolongement. C’est avant tout un nationalisme, profondément marqué par le mouvement européen des nationalités, dont le projet est éminemment politique. Cette dimension modernisatrice du sionisme permet de comprendre deux faits essentiels. D’un côté, le sionisme a été initialement porté par des forces politiques laïques, en particulier par une gauche socialisante qui a littéralement dominé le yichouv (communauté juive en Palestine) dès les années 1920, puis l’État d’Israël jusqu’en 1977, date de la première alternance politique (victoire de Menahem Begin). D’un autre côté, le sionisme a été, dès le début, violemment combattu par les tenants de l’orthodoxie juive, particulièrement puissants en Europe orientale durant l’entre-deux-guerres, qui l’ont dénoncé à la fois théologiquement, car rompant avec le strict providentialisme qu’ils défendaient, et pratiquement, car il entendait substituer de nouvelles élites politiques aux élites religieuses traditionnelles.
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Les monothéismes
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