Le survivalisme, ou la civilisation en procès

Vivre dans les bois avec le minimum, s’orienter sans GPS, apprendre à faire du feu… Si cela peut s’apparenter à un divertissement, pour les survivalistes rien de plus sérieux. Il s’agit d’une préparation à un futur apocalyptique.

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Né aux États-Unis pendant la guerre froide, le survivalisme connaît actuellement un boom qui se manifeste au moment même où se développe un catastrophisme nourri des thèses environnementalistes : très largement minoritaire à son origine, aujourd’hui, en France, le Réseau survivaliste francophone (initié en 2012) comprend 100 antennes locales et plus de 7 000 fans/adeptes de la page Facebook RSF–MERE.

Le néosurvivalisme

Si en mars 2018 la France a connu le premier salon du survivalisme, sous-titré « Autonomie et développement durable », ce n’est pas un hasard : le mouvement a considérablement évolué depuis ses origines anticommunistes et xénophobes, et s’est ostensiblement modéré. En effet, si l’on convient que l’on ne naît pas survivaliste mais qu’on le devient en y étant initié, la transmission des connaissances survivalistes a quant à elle notoirement changé. Aujourd’hui, le survivalisme ne subit plus les diktats des livrets et des séminaires des instigateurs du mouvement, à l’instar des libertariens Kurt Saxon (encadré ci-dessous) et Harry Browne et de l’écodesigner Don Stephens. L’horizontalité de l’expérience domine : stages en groupes, blogs, chaînes YouTube, pages Facebook et même applications pour smartphones sont parties intégrantes de l’expérience culturelle et de la construction de l’identité survivaliste. Ainsi, tantôt dans l’optique de rompre avec ses origines houleuses, tantôt ne se reconnaissant plus dans ces mêmes origines, au mot de survivaliste, nombre de ses acteurs préfèrent celui de prepper : celui qui se prépare.