Le temps de la parité

Promue au départ par une poignée de militantes, l’idée de parité a cheminé jusqu’à s’imposer dans la loi. D’abord réservé aux institutions politiques, le principe s’est étendu à tous les postes de direction.

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« Au pouvoir citoyennes ! » C’est le titre du livre que Françoise Gaspard, Claude Servan-Schreiber et Anne Le Gall publient en 1992. C’est aussi le point de départ en France des mobilisations pour la parité. Constatant la sous-représentation des femmes dans les assemblées politiques, les trois militantes formulent une proposition radicale : réserver la moitié des postes d’élu pour des femmes et remplacer le principe de fraternité qui a conduit à la surreprésentation des hommes aux fonctions électives par celui de parité. Elles reprennent le terme de la philosophe Élisabeth Sledziewski qui a formulé cette idée à la fin des années 1980, lors d’un séminaire européen sur la participation des femmes à la prise de décision.

Parité : « Ce nouveau terme vise à sortir de l’impasse des quotas » dans laquelle les féministes sont engluées depuis plusieurs années, indiquent les sociologues et historiennes Bibia Pavard, Florence Rochefort et Michelle Zancarini Fournel. En effet, en 1982, le Parlement français a voté une loi interdisant les listes aux élections municipales comprenant plus de 75 % de candidats d’un même sexe, mais la loi a été invalidée par le Conseil constitutionnel au nom du principe d’universalité et d’indivisibilité du peuple souverain.

L’idée suscite très vite l’engouement, comme le relate la sociologue Laure Bereni. Des associations se créent (Parité, Elles aussi, le réseau Femmes pour la parité…). D’autres se réactivent, comme Choisir la cause des femmes de Gisèle Halimi. Féministes des années 1970 (G. Halimi, Monique Dental, Antoinette Fouque), militantes d’associations de femmes (Association catholique générale féminine, Union des femmes catholiques et sociales) et militantes de partis politiques, notamment du Parti socialiste (Yvette Roudy, F. Gaspard), se mobilisent pour la cause.