Quels sont les symptômes ?
Le TDA/H comprend trois symptômes : l’inattention, l’agitation et l’impulsivité. D’un enfant à l’autre, les symptômes diffèrent. Il existe une forme mixte, qui intègre les trois symptômes, mais on observe aussi des tableaux cliniques où prédomine soit l’agitation soit l’inattention. Ce diagnostic peut décrire l’enfant gigoteur facilement diagnostiqué, car il correspond à l’image d’Épinal de l’hyperactif comme l’enfant rêveur, plus rarement identifié. Le diagnostic se fonde non seulement sur la présence des symptômes, mais également sur leur permanence (depuis toujours et en tous milieux : famille, amis, loisirs, école puis travail…) et sur leur intensité dommageable (cadre scolaire et/ou familial).
▪ L’inattention. L’enfant est distrait, rêveur et tête en l’air. Il commence tout et ne finit rien, passant indéfiniment d’un amusement à l’autre. Il peut aussi montrer un excès d’absorption et se couper du monde, notamment s’il est passionné par un jeu ou s’il est soumis au flux ininterrompu, bousculé et dispersé de ses pensées. La vie semble alors désorganisée, tant la moindre consigne semble oubliée aussitôt émise.
▪ L’agitation. L’enfant semble remuer et gigoter sans fin. En dépit d’efforts souvent méritoires, il ne peut refréner cette agitation. Cesser de se tortiller sur son siège ou de sautiller est au-dessus de ses forces. Il semble infatigable, ce qui contraint les parents à une vigilance de tous les instants, de peur d’un débordement ou d’une mise en danger.
▪ L’impulsivité se manifeste par de l’impatience et de la précipitation. L’enfant TDA/H coupe constamment la parole de ses proches et apostrophe avec familiarité des inconnus. Les propos spontanés et irréfléchis peuvent donner une impression de convivialité, mais aussi d’impertinence.
À l’adolescence, l’agitation physique s’atténue ou disparaît, mais le déficit d’attention et l’impulsivité se maintiennent. Les enfants TDA/H acceptent encore de se soumettre à l’autorité des adultes, mais les adolescents la tolèrent beaucoup moins. La vie familiale et scolaire leur apparaît beaucoup trop contraignante et il n’est pas rare alors que s’installe un mode de communication très réactif. Si le diagnostic de TDA/H est connu, les parents et les enseignants peuvent montrer une certaine compréhension. S’il ne l’est pas, il existe un risque réciproque d’incompréhension, d’intolérance et de conflictualité.
Hyperactivité ou TDA/H ?
Dans l’usage, ils sont synonymes, mais le terme d’hyperactivité est trompeur, car il peut inciter à penser que le TDA/H se limite à la seule agitation. Certes, s’il est présent, ce symptôme est le plus visible, mais il s’atténue avec l’âge alors que le déficit attentionnel peut se maintenir toute une vie. C’est donc bien l’inattention qui fonde principalement le diagnostic, ce qu’explicite l’acronyme TDA/H qui signifie trouble avec déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité.
Une longue histoire
L’acronyme TDA/H est de création récente. Il correspond à la traduction de ADHD (attention deficit hyperactivity disorder), terme créé en 1994 dans une classification psychiatrique américaine. Pour autant, le trouble n’est pas une lubie des temps modernes et sa description précise remonte à plusieurs siècles. Dès le siècle des Lumières, Melchior Adam Weikard (1742-1803), médecin et philosophe allemand qui défendit notamment l’idée de la « matérialité de l’âme », offre une description précise de ce qu’il nommait « les personnes inattentives » : « Elles ont un sens de l’observation très superficiel, car pour approfondir une question, elles ne savent pas donner suffisamment de temps, de patience ou de précision. Elles sont souvent imprudentes, élaborent de grands projets mais sont très inconstantes pour les réaliser. » Au 19e siècle, Emil Kraepelin (1856-1926), médecin allemand et fondateur de la psychiatrie moderne, observe que « les instables brillent par leur rapidité d’esprit, mais comme ils sont très peu persévérants, ils font peu d’efforts ; ils sont distraits, facilement fatigués et, généralement, ne terminent rien. Ils ne vont jamais en profondeur, leur savoir est superficiel et inégal. Leur humeur est très changeante. Après l’euphorie apparaissent l’ennui, l’anxiété et l’esprit de contradiction. » Et Sigmund Freud (1856-1939), lui-même, décrit « des hommes que l’on appelle généralement des oublieux (vergesslich). Ces personnes prétendent qu’on ne doit pas leur en vouloir de leurs petits manquements qui s’expliqueraient, non par leur caractère, mais par une certaine particularité organique ».