Les bonnes notes de la musicothérapie

Les effets thérapeuthiques de la musique sont aujourd’hui mieux compris. En restructurant les connexions neuronales, elle peut être mobilisée contre la dyslexie, les troubles de l’attention ou encore Alzheimer.

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Enfant, le chanteur et compositeur Mika souffrait de dyslexie. À la suite d’événements traumatisants, il commence à ressentir de grandes difficultés dans la lecture de textes et de notes. Malgré tous ces obstacles, il est pourtant parvenu à mener une carrière remarquable, et la musique y est sans doute pour beaucoup ! L’histoire de Mika, comme celle de nombreux dyslexiques, semble montrer que la pratique de la musique est bénéfique en cas de troubles de l’apprentissage. S’il n’est pas toujours facile de discerner la part de la musique dans les effets thérapeutiques – l’effet observé pouvant être aussi lié à des facteurs sociaux, éducatifs ou psychoaffectifs –, les mécanismes à l’œuvre sont de mieux en mieux compris, tout comme le champ d’efficacité d’entraînements musicaux sur les pathologies du développement comme la dyslexie, les troubles de l’attention ou du spectre autistique.

La dyslexie : restaurer les connexions cérébrales

7 à 12 % de la population présente des troubles « dys » parmi lesquels la dyslexie. En grande partie d’origine génétique, ses causes et ses mécanismes sont de mieux en mieux connus. On sait, par exemple, de manière assez précise quelles sont les régions du cerveau impliquées en cas de difficultés de lecture : ce sont des zones du cortex qui ne s’activent pas suffisamment lors des tâches impliquant la transformation des lettres en sons, et celles qui segmentent les mots entendus en phonèmes, (c’est-à-dire en syllabes et en sons). Les résultats les plus décisifs, obtenus grâce à l’IRM de diffusion, ont permis de tracer avec une précision millimétrique le trajet des faisceaux de substance blanche qui assurent les connexions à l’intérieur du cerveau, autorisant ainsi le transport de l’information. Parmi eux, le faisceau arqué qui relie entre elles les zones sensorielles (notamment auditives et visuelles) aux zones motrices, a retenu l’attention des chercheurs. Il joue un rôle essentiel dans les apprentissages, et en particulier celui de la lecture.

Or, chez les personnes dyslexiques, l’altération de ce faisceau arqué constitue un obstacle de taille à l’acquisition de la lecture. Mais ce faisceau, qui se développe de manière imparfaite chez le dyslexique avant même l’âge d’apprentissage de la lecture, peut se reconstituer à la suite d’une rééducation intensive. Et la musique en fait partie.

Des recherches en neurosciences ont en effet montré que la pratique intensive et durable de la musique modifie de manière considérable l’anatomie même du cerveau. C’est la fameuse plasticité cérébrale, cette capacité du cerveau à se remodeler en fonction des apprentissages.