Les circuits courts, une réponse face aux crises ?

En remettant l’humain au centre de l’alimentation, les circuits courts favorisent des systèmes alimentaires plus durables et plus résilients. Panorama d’un mouvement en actes.

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Les circuits courts alimentaires, rapprochant producteurs et consommateurs, suscitent un intérêt sans précédent depuis la crise de la covid-19. Ce mouvement n’est pas sans rappeler celui suscité par la crise de la vache folle fin des années 1990. Les circuits courts seraient-ils un remède face aux crises ? Un bref retour sur leur histoire récente et un tour d’horizon de leurs impacts permet de mieux comprendre le rôle qu’ils peuvent plus largement jouer dans le contexte postcovid.

Un phénomène ancien

Les circuits courts alimentaires ne sont pas nouveaux en France : vente à la ferme, marchés de ville ou de village font partie de notre histoire. Ces modes de distribution sont toutefois restés peu reconnus jusque dans la période récente, car considérés comme une activité passéiste, synonyme d’échec ou de difficulté d’intégration dans la profession agricole. De manière contrastée en Amérique du Nord, où leur histoire est beaucoup plus récente, ils ont pris une dimension politique forte dès les années 1970, en tant qu’alternative à l’agriculture intensive et à la domination des supermarchés ; une alternative revendiquée en France à travers les amap (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), créées en 2001.

Si ces formes contestataires ont contribué à l’émergence ou au renouveau des circuits courts dans les pays développés à partir des années 1990, le regain d’intérêt pour ces circuits, en France, est aussi fortement lié aux crises : d’un côté, celle de la vache folle, qui a suscité de la méfiance envers des filières longues jugées opaques et encouragé l’achat direct à des producteurs ; de l’autre, les crises à répétition sur les marchés agricoles, qui ont poussé les producteurs à diversifier leurs débouchés. Ce mouvement a conduit le ministère de l’Agriculture à définir officiellement les circuits courts en 2009, comme des modes de vente mobilisant au plus un intermédiaire entre producteur et consommateur. En 2010, date du dernier recensement agricole, les circuits courts concernaient une ferme sur cinq. Depuis cette date, le mouvement s’amplifie, se diversifie, avec la montée en puissance des projets alimentaires territoriaux (PAT) mais aussi l’usage accru du numérique. Surtout développés à l’échelle locale ou régionale – même si leur définition ne l’impose pas –, ils représenteraient aujourd’hui entre 15 et 20 % du total des achats alimentaires des Français.