Les «créatifs» davantage touchés par la maladie mentale ?

Nous avons tous en tête l’image d’un auteur dérangé, d’un cinéaste farfelu, d’un musicien loufoque, d’un « savant » excentrique. Mais qu’est-ce qui relie donc créativité et « folie » ? À l’institut suédois Karolinska, des chercheurs ont étudié les rapports entre professions créatives et diverses pathologies mentales (schizophrénie, troubles bipolaires, dépression…) 1. Pour cela, ils ont suivi l’évolution de plus d’un million de patients des services psychiatriques suédois et de leurs proches sur une période de quarante ans. Ils ont pris en considération tous les métiers créatifs (artistes, chercheurs, musiciens…) et examiné à part la catégorie des écrivains. Si cette étude n’indique pas de lien général entre professions créatives et troubles psychiques, les écrivains se révèlent néanmoins être davantage touchés par la schizophrénie, les troubles bipolaires, l’hyperactivité et le suicide. En plus, au niveau de l’entourage familial, l’étude montre que les parents ou frères et sœurs des patients schizophrènes, bipolaires et anorexiques exercent plus fréquemment des professions créatives que la moyenne. Il en est de même pour les frères et sœurs des personnes autistes. Un lien entre créativité et maladie mentale semble donc bel et bien exister, si l’on considère la famille dans son ensemble. D’autres chercheurs ont comparé le système nerveux central de personnes « créatives » en bonne santé et de personnes schizophrènes 2. Ils ont alors observé dans les deux cas une faible densité des récepteurs de la dopamine (neurotransmetteur). Conséquence : un moindre filtrage des informations parvenant au cerveau, d’où une disposition à faire des associations inhabituelles et novatrices (personnes créatives) ou bien bizarres (idées incongrues dans la schizophrénie), voire les deux…