CULTURE PRIMITIVE
La notion de culture primitive s'est imposée au xixe siècle, pour désigner ceux que l'on appelait auparavant les sauvages. Elle convient à l'idée évolutionniste selon laquelle les sauvages (Australiens, certains Africains, Indiens de l'Amazonie) représentent la survivance d'un stade premier de civilisation. Son usage s'est maintenu au-delà de l'effacement de cette théorie, car il satisfait, en réalité, à un aspect permanent de la démarche anthropologique, qui est d'étudier la différence entre « eux » et « nous ». Au couple civilisé/ primitif, on a donc proposé de substituer d'autres termes comme moderne/ traditionnel, avec écriture/sans écriture, avec histoire/sans histoire, avec Etat/ sans Etat. Ces qualificatifs, il est vrai, sont apposés de préférence au substantif « société », mais désignent bien leur culture. Ces tentatives de classification ont montré chacune leurs limites et aujourd'hui, on n'en fait qu'un usage ponctuel et souvent guillemeté.
Acculturation
Bien que les effets de la colonisation aient été observés depuis longtemps, le concept d'acculturation n'apparaît sur la scène scientifique qu'en 1936 : les trois anthropologues Robert Redfield, Ralph Linton et Melville Herskovitz nomment acculturation les changements qui sont induits dans une culture par le contact avec une autre culture, et lancent un programme de recherche sur le sujet. Il s'agit en particulier d'étudier la manière dont une culture en situation de domination sélectionne néanmoins les emprunts qu'elle fait à la culture dominante. Cette approche interactionniste est à la fois un prolongement et une complication du culturalisme : les cultures sont traitées comme des entités qui entrent en contact et échangent des éléments. Bien qu'elle ait ouvert un champ d'étude toujours actif de nos jours, la notion d'acculturation a été âprement discutée, notamment sur la question de savoir si elle s'appliquait adéquatement aux situations coloniales, où les changements peuvent être induits par la force, et aboutir à une « déculturation ». Roger Bastide et Robert Balandier ont, chacun à leur manière, introduit les études d'acculturation dans l'espace de l'anthropologie française. Aujourd'hui, on ne fait pratiquement plus usage de cette notion : on parle de « contact de cultures », de « changement culturel », « d'hybridation », de « métissage », voire de « créolisation » des cultures, afin de souligner, lorsque c'est le cas, le caractère créatif de ces processus.