Les familles homoparentales

Ils ont beau créer la polémique, les couples homosexuels 
n’ont pas attendu le mariage pour tous 
pour avoir des enfants et les élever. 
Que sait-on sur ces familles d’un nouveau genre ?

◊ Un débat passionné

Treize ans après le pacs, en France, la famille est à nouveau au cœur d’un débat passionné.

Faut-il autoriser les couples homosexuels à se marier ? À adopter ? À recourir à la procréation médicalement assistée (PMA) ? Vent debout, les défenseurs de la famille traditionnelle s’opposent à la dénaturation de ce qu’ils estiment être une institution fondamentale de la société. Et puis, ajoutent-ils, c’est l’enfant qui a droit à des parents, pas l’inverse ! En face, les promoteurs du mariage pour tous placent le débat sur le terrain de l’égalité des droits. Et plaident que les homosexuels sont aussi aptes que les autres (qui ne sont pas toujours parfaits, loin de là !) à éduquer des enfants.

Le projet de loi sur le mariage pour tous, examiné en Conseil des ministres le 7 novembre, sera discuté à l’Assemblée nationale entre le 4 et le 10 février 2013. Il ouvre aux homosexuel(le)s le droit au mariage et à l’adoption, mais reste silencieux sur l’accès à la PMA, alors même que le candidat François Hollande avait envisagé cette éventualité au cours de sa campagne.

Des députés socialistes ont néanmoins annoncé leur intention de déposer au cours des débats un amendement ouvrant la PMA aux couples de lesbiennes. Le gouvernement, lui, souhaiterait que la question soit traitée dans le cadre d’une loi ultérieure « sur la famille ».

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L’importance politique du débat contraste en tout cas avec la quasi-invisibilité statistique des familles homoparentales. Les démographes estiment en effet, en partant du recensement de 1999, que seuls 24 000 à 40 000 enfants vivent dans des familles homoparentales, avec leurs deux « parents ». En tenant compte de la diversité des configurations (infographie p. 20), les associations de parents gays et lesbiens avancent, elles, le chiffre de 200 000 à 300 000 enfants. Des chiffres fragiles, mais qui attestent de la marginalité du phénomène, puisque l’on comptait en 2006 13,5 millions de mineurs en France.

• « La difficile mesure de l’homoparentalité »
Wilfried Rault, Ined, Fiche d’actualité, n° 8, juin 2009.

 

◊ Une pluralité de situations

Comment les homosexuel(le)s font-ils pour fonder une famille ? Plusieurs cas de figure se présentent.

L’enfant peut être par exemple né d’une relation hétérosexuelle dans laquelle était engagé(e) l’un(e) des deux partenaires avant de se définir comme homosexuel(le). Comme dans un divorce, l’enfant a donc deux parents séparés, bien que dans certains cas, ces derniers continuent de vivre sous le même toit, mais chacun de son côté, comme des colocataires.