Elles s’appellent Agnès, Laure ou Neyla. Elles disent n’avoir « jamais bougé de là », c’est-à-dire de leur campagne. Elles sont les voix d’une jeunesse invisible, en marge des représentations médiatiques de la jeunesse urbaine. Ces femmes ont raconté leur quotidien à la sociologue Yaëlle Amsellem-Mainguy. La chercheure a mené une vaste enquête de terrain auprès de 173 femmes âgées de 14 à 29 ans résidant dans des communes de moins de 8 000 habitants, situées dans quatre territoires ruraux relativement différents les uns des autres : la pointe Finistère, le massif de la Chartreuse, le pays de Gâtine et la vallée de la Meuse.
Ce rapport s’inscrit dans le sillage des travaux sociologiques sur les classes populaires en milieu rural, tels que Les Gars du coin de Nicolas Renhay (SH, n° 166) ou Ceux qui restent de Benoît Coquard (SH, n° 323). Deux enquêtes qui ont méthodiquement documenté un mode de vie populaire et masculin, que complète Y. Amsellem-Mainguy en se focalisant ici sur le vécu des jeunes femmes.