Le déclencheur de la mobilisation des Gilets jaunes, un refus de la taxe carbone sur les carburants, a eu tôt fait de les classer, aux yeux des commentateurs, parmi un public plutôt antiécologiste. Mais que disent les sciences sociales du rapport que les Gilets jaunes entretiennent avec la pensée écologiste ? En premier lieu, elles rappellent que ce mouvement a pour spécificité de n’être pas homogène politiquement. Difficile donc de définir une « pensée » qui serait propre aux Gilets jaunes. Les approches statistiques montrent que les personnes mobilisées au sein de ce mouvement ont des pratiques plus proches de l’écologie que la moyenne de la population française : ainsi, ils compostent plus, consomment plus de produits bio ou cultivent leur potager. Cependant, une analyse plus fine révèle que les Gilets jaunes agglomèrent des positions clivées. Le constat que font les chercheurs est que ce sont les personnes aux positions les plus tranchées, pro ou antiécologie, qui se sont le plus impliquées dans les mobilisations. D’où un mouvement très polarisé.