Les grandes postures critiques

Le doute est au cœur de plusieurs courants de pensée, qui en ont fait une boussole dans l’exploration de la vérité. Mais attention aux écueils, du relativisme au complotisme, où la pensée peut venir s’échouer...   

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Le scepticisme
Méthode dubitative

En philosophie, le fondateur de l’école sceptique, Pyrrhon, préconise d’arrêter son jugement (l’epochê) face à un problème. Il ne s’agit pas de refuser de donner son assentiment, mais de s’abstenir de toute opinion. Pour ses adversaires, la position est intenable. Non seulement fait-elle offense au sens commun, mais du point de vue de l’action, elle devient paralysante : t’abstiendras-tu de te lever demain, lance Galien à un sceptique 1, si tu prétends ne pas savoir s’il fait jour ou nuit ? Pour que ce doute ne soit ni une hésitation sur le vrai et le faux ni une incapacité de savoir, René Descartes tâche d’en faire une étape vers la connaissance. Il l’emploie avec méthode pour sonder les choses incertaines (la fiabilité de nos sens, par exemple), comme celles qui résistent le plus au soupçon : la distinction entre le rêve de la veille, ou la réalité de notre propre existence.