Les jeunes chauves-souris babillent comme des bébés

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Si on excepte un superhéros tout de noir vêtu, les similitudes entre humains et chauve-souris ne sautent pas aux yeux. Un quatuor de chercheuses vient d’en dénicher une, inattendue, dans… l’apprentissage de la « parole ». Dans un compte rendu publié par la revue Science, elles résument les conclusions d’un travail mené, en milieu sauvage, sur deux populations de saccoptères à deux bandes (Saccopteryx bilineata), au Costa Rica et au Panama. Avant sevrage, les jeunes saccoptères passent presque 30 % de leur temps d’activité diurne à babiller. Chez l’humain, le babillage, qui prend la forme de répétitions rythmées des mêmes syllabes (« ba ba ba »), permet au nourrisson d’acquérir la maîtrise de son appareil phonatoire et, sans doute, de renforcer les connexions neuromotrices. Probablement en est-il de même chez Saccopteryx bilineata car cette phase démarre trois semaines après la naissance et s’étale entre sept et dix semaines jusqu’au sevrage. Au lieu de sons articulés, les juvéniles produisent des cris qui évoquent ceux d’oiseaux comme le pic épeiche. Un répertoire de 25 types de « syllabes » a pu être identifié chez l’adulte, que les jeunes s’attachent à acquérir en les répétant. Curieusement, mâles et femelles apprennent les suites de syllabes destinées à marquer le territoire, alors que seuls les mâles en feront usage une fois adultes. Certains jeunes saccoptères se montrent particulièrement bavards, leur gazouillis pouvant durer jusqu’à 43 minutes. Batman, qui a toujours du mal à aligner trois phrases, pourrait prendre exemple… 


Source : Ahana Fernandez et al., « Babbling in a vocal learning bat resembles human infant babbling », Science, 20 août 2021.