L’indignation soulevée par les témoignages sur la souffrance animale est largement partagée. Les moyens de la faire cesser sont loin de s’accorder. À travers ces deux livres, deux postures philosophiques et morales s’affrontent.
Le texte de Valéry Giroux, chercheuse canadienne et végane, a conservé la rigueur de la thèse de doctorat. Elle y développe un réquisitoire nourri de références à la philosophie morale américaine pour condamner l’exploitation de l’animal. L’antispécisme refuse la hiérarchie des espèces, et affirme que rien ne justifie que les animaux soient privés des droits fondamentaux des humains. La démonstration de V. Giroux repose sur des arbitrages entre intérêts et des calculs de maximum de bien-être. L’auteure compare l’intérêt de vivre des individus en fonction de la valeur de leur vie et conclut que les non-humains ont autant d’intérêt à vivre que les humains. Cet intérêt tient à ce qu’ils ont une sensibilité, ressentent souffrances et plaisirs, qu’ils identifient comme étant les leurs. Il n’est donc en rien abusif de leur prêter un certain degré de conscience. Les non-humains ne seront plus dominés à la condition de leur accorder la liberté et le statut de personne, à charge pour les humains de les représenter. Selon V. Giroux, toute forme d’élevage perpétue l’utilisation par l’homme de l’animal à ses propres fins et doit donc être condamnée. Cela pourrait entraîner la fin de la domestication et à terme l’extinction des animaux de rente. Il n’est dès lors pas exagéré d’envisager un monde sans contacts entre hommes et animaux et la création d’espaces protégés.