Les métamorphoses de la famille

Au 20e siècle, la notion de famille a été bouleversée en Chine. La diversité des situations fait de ce pays un laboratoire démographique sans égal.

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La famille donna jadis à l’Empire le modèle de son organisation, le chef de l’État jouant politiquement et juridiquement le rôle d’un père. Il en résultait que le sujet, assimilé à un enfant, demeurait « dépendant ». C’était la famille qui formait l’unité économique et sociale de base ; elle aussi qui était propriétaire des patrimoines et non les individus, sauf dispositions particulières. Néanmoins, ce fond général inchangé pendant plus de deux mille ans n’a pas empêché l’évolution ponctuelle de situations individuelles, repérables dans les différents codes et leur jurisprudence toujours pragmatique.

Femmes : entre émancipation et infanticide

À partir de 1912, la proclamation de la République bouleversa ces structures juridiques et coutumières anciennes, tandis que les comportements personnels évoluaient peu à peu, notamment sous l’influence du mouvement « New Life » lancé par Chiang Kai-shek et son épouse en 1934. On note cependant de grandes disparités selon les régions et les populations. De plus, un contexte général de terribles difficultés (anarchie, invasion japonaise, guerre civile) fit que les changements ne s’imposèrent à tous qu’en 1949, lors de l’instauration de la République populaire de Chine.

En 1949, l’une des premières actions du nouveau gouvernement fut de déclarer l’émancipation des femmes et de créer la Fédération nationale des femmes de Chine (Zhonghua quanguo fulian). Quelques mois plus tard, le 1er mai 1950, une première loi sur le mariage interdisait la polygamie et proclamait la liberté de choix des époux. Lors des années qui suivirent, la collectivisation de la société fit évoluer les rapports entre les sexes, plus personne ne sachant s’il fallait nier la différence sexuée (dans un souci de parfaite égalité) ou au contraire valoriser le « genre » afin de mettre à l’honneur les qualités complémentaires des uns et des autres.