Les origines d'Homo sapiens en Afrique

Depuis 2017, on sait que Homo sapiens était présent en Afrique beaucoup plus tôt qu’on imaginait, et dans une région inattendue : au Maroc. L’archéologie et la génétique permettent de reconstituer le périple qui l’a mené par la suite sur les autres continents.

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C’est en Afrique que l’on trouve, entre 300 000 et 200 000 ans, des fossiles que l’on peut, pour la première fois, attribuer à l’espèce Homo sapiens. À la même époque, durant le Middle Stone Age africain, une nouvelle technique de taille de la pierre apparaît et on peut se demander s’il n’y a pas une relation directe entre l’apparition de ce type humain nouveau et la diffusion des techniques nouvelles. C’est dans le Nord-Ouest de l’Afrique, à Jebel Irhoud (Maroc), que les plus anciennes traces d’Homo sapiens ont été mises au jour. Découvertes dans les années 1960, leur âge véritable (- 300000) n’a été déterminé qu’en 2017.

Autour de 300 000 ans, l’occupation de Jebel Irhoud suit le développement d’un épisode de « Sahara vert ». Lors des phases humides (qui alternaient avec des périodes arides), les pluies d’été qui arrosaient le Sahel remontaient vers le nord. Une grande partie du Sahara se couvrait alors de végétation. Ces épisodes ont été propices aux contacts et aux échanges entre populations humaines.

Les hommes de Jebel Irhoud ont été identifiés comme des Homo sapiens, car ils partagent avec les hommes actuels des traits anatomiques tels que la morphologie de la face, courte, plate et redressée. Leur denture et leur mandibule présentent aussi des caractères que l’on qualifie de « modernes ». Cependant, par d’autres aspects, les hommes de Jebel Irhoud sont encore primitifs. C’est notoirement le cas de leur encéphale dont la taille, bien que proche des moyennes actuelles, n’a pas encore acquis la forme globulaire caractéristique de l’homme actuel.

Au cours du Middle Stone Age, on voit évoluer en Afrique des formes de plus en plus proches des hommes actuels. Sur le plan du comportement, l’outillage en pierre est de plus en plus diversifié. La production de pointes devient importante. Les plus légères armaient des armes de jet pour tuer à distance. C’est probablement une des innovations les plus importantes de cette période. Avant 100 000 ans apparaissent pour la première fois des objets dont la signification symbolique ne fait guère de doute. C’est le cas des coquilles de gastéropodes marins qui ont été percées pour être suspendues ou attachées. Ornements corporels marquant le statut des individus ou démarquant des groupes ? Objets d’échange ? Il est encore difficile de définir précisément leur usage, mais ce ne sont ni des restes alimentaires ni des outils. Il est surtout frappant de constater la similitude de ces objets mis au jour en abondance dans des régions séparées par d’énormes distances. Ces coquillages percés apparaissent à la même époque en Afrique du Nord, en Afrique du Sud et au Proche-Orient, ce qui suggère une diffusion à l’échelle de toute l’Afrique et même au-delà. Alors que les périodes arides étaient des phases d’isolement des populations, les épisodes de Sahara vert favorisaient les échanges tant biologiques que culturels.