Alfred Adler (1870-1937)
Médecin et psychologue né en Autriche. Il fit la connaissance de Sigmund Freud en 1902 et commença à fréquenter la Société psychologique du mercredi. Il fut ainsi l’un des premiers disciples de Freud, mais se sépara de celui-ci en 1911 et fonda ensuite sa propre école de psychologie : la Société de psychologie individuelle.
Adler souscrit à la découverte de Freud sur le rôle de l’inconscient dans la structuration du psychisme, mais, à la différence de ce dernier, il refuse d’accorder à la pulsion sexuelle une place essentielle dans les motivations humaines. Pour Adler, la motivation centrale qui anime l’individu est la volonté de surmonter un complexe d’infériorité, qui tient un rôle central dans l’élaboration de la personnalité. L’enfant est soumis, par son statut initial de dépendance et la confrontation à des modèles adultes idéaux, à un sentiment d’infériorité. Il va chercher à compenser ce sentiment.
A LIRE
• Le Tempérament nerveux. Éléments d’une psychologie individuelle et applications à la thérapeutique. Alfred Adler, 1933, rééd. Payot, 1992.
• Pratique et théorie de la psychologie individuelle comparée. Alfred Adler, 1930, trad. fr., Payot, 1961.
• L’Enfant difficile. Alfred Adler, 1927, rééd., Payot, 2006.
• Le Sens de la vie. Alfred Adler, 1933, rééd. Payot, 2002.
Karl Abraham (1877-1925)
Karl Abraham est, avec Sàndor Ferenczi, l’un des premiers disciples de Freud et parmi ses plus fidèles collaborateurs, jusqu’à sa mort prématurée, en 1925, à l’âge de 48 ans. Après avoir travaillé à la clinique du Burghölzli avec Carl Jung et Eugene Bleuler, il décida de revenir à Berlin et de s’y installer comme psychanalyste, en 1907, peu de temps après avoir commencé à correspondre avec Freud. Il introduisit la psychanalyse en Allemagne et participa à la construction du mouvement analytique, en fondant notamment l’Institut psychanalytique de Berlin qui sera le modèle des instituts ultérieurs de formation des psychanalystes et en dirigeant les affaires de l’Association internationale de psychanalyse (API) après la Première Guerre mondiale.
Il fut l’analyste de Melanie Klein, de Théodor Reik et de bien d’autres. Solide clinicien, il bâtit une œuvre théorique autour d’une réflexion sur la mélancolie, la folie maniaco-dépressive, l’étude des stades du développement de la libido et de l’amour d’objet.
A LIRE
• Œuvres complètes, 2 t., 1907-1914 et 1915-1925 Karl Abraham, Payot, 1989. Au travers de ces nombreux articles se dessine la filiation directe entre Freud et son disciple. Mais celui-ci, par ses conceptions sur le développement de la libido, ou le devenir des pulsions prégénitales, a lui aussi profondément influencé l’inventeur de la psychanalyse. Il a particulièrement travaillé sur les psychoses, soulignant la difficulté de la constitution du transfert, et donc du travail thérapeutique avec des patients schizophrènes.• Karl Abraham. Bernard Lemaigre, Puf, 2003. Bernard Lemaigre propose une biographie éclairante de Karl Abraham, complétée par quelques extraits de ses textes marquants.
Sàndor Ferenczi (1873-1933)
D’origine hongroise, Sàndor Ferenczi restera dans l’histoire de la psychanalyse comme le clinicien le plus doué et le plus inventif de tous, le prince de la technique. Après des études de médecine à Vienne, il s’installe à Budapest. Il rend visite à Freud en février 1908, après avoir lu L’Interprétation du rêve et, jusqu’à sa mort, entretiendra avec lui une importante correspondance en même temps qu’une relation aussi passionnée que houleuse.
En 1909, il accompagne Freud et Jung aux États-Unis. Il fonde la même année l’International Psychoanalytical association (IPA), et, en 1912, la Société psychanalytique de Budapest. S’il fut longtemps le disciple préféré de Freud, ses innovations techniques, qui étaient autant de remises en cause des principes freudiens lui valurent à la fin de sa vie la réprobation du maître. Pourtant, d’importants renouvellements de la technique psychanalytique s’inscrivent dans la filiation de Ferenczi. En France, c’est grâce en particulier au travail de traduction de l’équipe de la Revue du Coq Héron, rassemblée autour de Judith Dupont, que ses travaux ont été sortis de l’oubli.
A LIRE
• Thalassa. Psychanalyse des origines de la vie sexuelle. Sàndor Ferenczi, 1924, rééd. Payot, 2002. Ferenczi fait se rencontrer dans cet ouvrage les apports freudiens sur la sexualité et les données de la biologie. Il expose une conception originale de la génitalité, du coït et plus généralement de l’érotisme.
• Journal clinique, janvier-octobre 1932. Sàndor Ferenczi, Payot, 1969. Ce journal, rédigé entre janvier et octobre 1932, est constitué d’une suite de petits textes dans lesquels Ferenczi s’éloigne des idées conventionnelles pour développer ses propres conceptions de la technique analytique et la dégager d’un certain nombre d’impasses thérapeutiques. Les difficultés que rencontre un clinicien dans sa pratique sont ici racontées en détail, et mises en liens avec des réflexions théoriques.
Ernest Jones (1879-1958)
Ernest Jones rencontre Freud en 1908, puis part s’installer à Toronto pour cinq années au cours desquelles il va créer l’American Psychoanalytic Association (APsaA) et œuvrer activement pour diffuser les idées freudiennes aux États-Unis et au Canada. En 1913, sur le conseil de Freud, il passe deux mois sur le divan de Ferenczi, à Budapest, dans le cadre d’une analyse didactique. En 1919, il fonde la British Psychoanalytical Society (BPS). Il aidera Melanie Klein à s’installer à Londres, en 1926. Garant de l’orthodoxie freudienne, artisan de la construction du mouvement psychanalytique, entre 1949 et 1956, il rédige la première biographie de Freud, en s’appuyant sur un important matériel d’archives. Elle reste le point de départ de tous les travaux ultérieurs.
A LIRE
• Théorie et pratique de la psychanalyse. Ernest Jones, 1948, rééd. Payot, 1997.
• La Vie et l’Œuvre de Sigmund Freud. Ernest Jones, 3 t., 1953-1958, rééd. Puf, coll. « Quadrige », 2006. Jones expose dans ce recueil les principales thèses freudiennes. De manière plus originale, il dégage la conception spécifiquement psychanalytique du symbolisme. Il s’écarte de Freud dans sa théorie de l’angoisse, qu’il conçoit comme une réaction de peur du moi devant une libido menaçante. Dans la lignée des thèses de Melanie Klein, il se penche sur la préhistoire du complexe d’Œdipe et conçoit le surmoi comme le résultat de mécanismes précoces d’introjection non seulement d’éléments de la réalité extérieure (comme les interdits parentaux) mais également d’éléments dus aux propres projections du jeune enfant (ce que Klein désigne sous le nom d’identifications projectives). C’est l’enfant qui crée son surmoi, en premier lieu comme une barrière défensive contre l’angoisse qu’engendrent les pulsions du ça dans le moi.