Les recettes philosophiques

Aristote : deviens ce que tu es !

Aristote dit que la recherche du bonheur est le « souverain bien » auquel tous les hommes aspirent. Mais comment l’atteindre ? Dans Éthique à Nicomaque, il nous dit que c’est dans l’accomplissement de sa fonction propre que l’homme peut accéder au bonheur.
On dirait aujourd’hui que l’homme ne s’accomplit que lorsqu’il a trouvé « sa voie », qu’il se livre aux activités qui correspondent au mieux à ses capacités et à ses motivations. On ne peut s’épanouir que dans des activités qu’en général on réussit le mieux. Une idée que le poète avait traduite dans la célèbre formule : « Deviens ce que tu es ! » Mais comment savoir ce que l’on est ? Ce pour quoi on est fait ? La question fut posée un jour à Épictète (v. 50-125 apr. J.-C.) par l’un de ses disciples. : « Comment chacun de nous saurait-il ce qui répond à son rôle ? »
« Comment le taureau, répond alors Épictète, quand survient un lion, connaît-il tout seul ses propres aptitudes ? Quiconque parmi nous possédera des aptitudes de ce genre le saura bien. »
En d’autres termes, on ne peut savoir par avance ce qu’est sa vraie nature. C’est en se lançant dans l’action, en expérimentant, que l’on peut trouver quels sont nos goûts réels, que notre « nature profonde » se révèle.

 

Épicure et son jardin

Épicure (- 341/- 270 av. J.-C.) enseigna qu’il ne fallait pas craindre les dieux, car ils ne s’occupent pas des hommes ; il expliqua aussi que le monde est fait d’atomes matériels, que ceux-ci disparaissent avec la mort. En conséquence, il était vain de craindre la sentence du ciel. Il fallait donc consacrer sa vie à son bonheur terrestre.
Épicure, issu d’une famille modeste de l’île de Samos, fut séduit par la grandeur d’Athènes. Mais la cité était agitée par les guerres, les émeutes et les complots politiques. Il préférera alors rester à l’écart de cette agitation. Cette mise à l’écart volontaire de la vie politique, familiale, correspond à l’esprit de l’épicurisme. Il s’agit de fuir les grandes passions et les excès, les désirs et ambitions démesurées qui sont source de plus de maux que de plaisirs. Menant une vie simple mais non austère, Épicure cultive l’amitié et le goût pour les choses de l’esprit : l’art, les sciences.
L’épicurisme est donc tout le contraire de cette quête effrénée des plaisirs, de l’hédonisme débridé, auquel son nom est souvent associé. C’est un art de vivre qui se trouve dans les plaisirs modérés. Ce n’est pas non plus une école de l’ascétisme et du renoncement. C’est à nous de choisir entre l’essentiel et l’accessoire, les désirs futiles et pervers et ceux qui comptent vraiment.

fut l’un des grands courants de pensée de l’Antiquité gréco-romaine. Il s’est déployé durant cinq siècles – de Zénon de Cittium et Antipater de Tarse, qui vécurent en Grèce, jusqu’aux Romains Sénèque, Épictète et l’empereur Marc-Aurèle, qui sont les plus connus des stoïciens. Sur le plan théorique, le stoïcisme est une forme de naturalisme. Le monde est uniquement matériel, gouverné par des lois. En matière morale, la doctrine stoïcienne prône les vertus d’une vie simple et naturelle. Bien vivre, c’est vivre libre, et pour cela dompter ses passions, repousser les fantasmes et produits de l’imagination qui nous égarent.Le stoïcien est un sage qui vise l’ataraxie, c’est-à-dire un état de complétude où il ne désire rien. Car le désir est source de tous nos maux. Épictète nous prévient : Le stoïcisme n’est pas loin du message bouddhiste qui propose d’atteindre une certaine sérénité par l’annulation de nos désirs, source de tous nos malheurs.