Les théories des récits et des contes

Narratologie

Tous les contes se ressemblent...

Le folkloriste russe Vladimir Propp (1895-1970) est considéré comme le précurseur de l'analyse structurale du récit. Pour celui-ci, au-delà de l' « extraordinaire diversité des personnages » et de « leur pittoresque haut en couleur » , tous les contes seraient construits sur le même canevas.

A partir d'un corpus de contes populaires russes, il isole sept types de personnages (le héros, l'adversaire, ou encore l'auxiliaire qui aide le héros...) et trente et une fonctions. Les fonctions correspondent à un découpage du récit en grandes étapes successives et immuables : un méfait initial (un dragon terrorise une ville) engendre la quête ou la réparation du héros qui, par la ruse ou le combat, en se faisant parfois aider (sortilège, épée magique) passe par une série d'épreuves jusqu'au succès ou à l'échec final.

À la recherche d'une grammaire universelle

Parue en 1928, mais traduite beaucoup plus tard en anglais et en français, la Morphologie du conte de Vladimir Propp va être le point de départ de nombreux développements. Algirdas Julien Greimas (autour de qui se constitue l'école sémiotique de Paris) prolonge et remanie les propositions de ce dernier. Son « schéma actantiel » met en évidence les rôles entre les protagonistes (actants) qui se déroulent à travers des programmes narratifs, allant d'une situation initiale à une situation finale qui inverse la première (malheur/bonheur, etc.)

Saluées dans les années 60 par le mouvement structuraliste, ces analyses (élaborées notamment par V. Propp, A.J. Greimas, Alan Dundes, Claude Bremond, Tzvetan Todorov, Gérard Genette...) voulaient dégager une grammaire universelle des récits permettant de dévoiler les ressorts de la narration. Des romans de Balzac aux bandes dessinées d'Astérix, en passant par le scénario des Sept Mercenaires , elles furent appliquées à toutes les formes de narration (voir par exemple Jean-Michel Adam, Le Récit , Puf, coll. « Que-sais-je ? », 1994).