Les transformations de l'école

Agns van Zanten (dir.), La Découverte, 2000, 415 p., 160 F.
Un regard sur les productions scientifiques montre que, depuis plusieurs années, l'école est soumise à de profonds changements, et aussi à de nouveaux modes de gestion de cette énorme organisation qu'est devenue l'Education nationale.

« Si un professeur et un élève des années 50 retournaient à l'école aujourd'hui, après une longue hibernation, ils auraient le sentiment d'avoir presque changé de monde. Ils ne reconnaîtraient ni leurs élèves ni leurs camarades, ni la disposition des élèves dans la classe, ni les programmes, ni les modalités de contrôle, ni les méthodes de travail, ni le surveillant général devenu conseiller d'éducation... » Sortie de son contexte, cette affirmation de François Dubet n'emporterait pas l'assentiment de tous. Beaucoup, en effet, dénoncent l'immobilisme de notre système scolaire, souvent accusé de ne pas savoir s'adapter aux évolutions de la société.

C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles, depuis quelques années, l'école est au centre du débat public. A travers la prolifération d'essais, d'articles de presse ou simplement de conversations ordinaires, on a bien du mal à comprendre ce qui s'y passe... chacun y allant de ses certitudes sur la violence, la discipline, les méthodes ou les contenus, la sélection ou son absence (« maintenant, ils laissent passer tout le monde ! »). L'Ecole. L'état des savoirs en devient presque une entreprise salutaire : cet ouvrage collectif n'est pas un livre de plus sur l'école. Il se positionne plutôt en amont des débats, en présentant un vaste éventail des travaux de sociologie de l'éducation. Les auteurs sont tous des scientifiques, sociologues et chercheurs en sciences de l'éducation.

Sur les changements de l'école, les chiffres parlent d'eux-mêmes. C'est désormais un quart de la population française qui est scolarisée, de la maternelle à l'université. Près de 70% des jeunes d'une classe d'âge obtiennent le baccalauréat et la moitié d'entre eux prolongent leurs études au-delà de 21 ans. Et le budget de l'Education nationale, qui représentait 1,5% du PIB en 1952, dépasse aujourd'hui les 7%.

Deux « explosions scolaires » ont eu lieu : l'une, dans les années 60, a concerné surtout l'enseignement secondaire (entre 1966 et 1975, on a inauguré en moyenne en France un collège par jour). L'autre, dans les années 80, a été impulsée aussi bien par la demande de scolarité que par une volonté politique d'amener « 80 % d'une classe d'âge au baccalauréat » (inscrite dans la loi d'orientation de 1989) et d'ouvrir plus largement l'accès à l'enseignement supérieur.