L’immigration est trop souvent analysée à l’aune de thématiques faisant la part belle à des fantasmes et des idéologies.
Ici, l’approche est radicalement différente, puisque l’auteur, Emmanuel Argo, s’intéresse aux « rémittences », qu’il définit comme étant « le résultat d’un processus économique, généré en particulier par l’agent envoyé aux familles par les migrants, et source de revenus essentielle pour les ménages des pays en développement ». Le propos est ici avant tout économique : quel est l’importance et l’impact de ces flux (avant tout de revenus) entre les immigrés et leur famille restée dans leur pays d’origine ? En termes quantitatifs, ces rémittences sont supérieures au montant de l’aide au développement, et arrivent, avec près de 372 milliards de dollars en 2011, en deuxième position derrière les investissements directs à l’étranger (IDE). Et fait notable, à l’inverse des IDE, elles ne se sont pas taries avec la crise, ce qui en fait, si l’on ajoute les transferts en nature qui sont eux aussi loin d’être négligeables, un facteur essentiel d’amortissement des fluctuations économiques dans les pays pauvres. Le problème soulevé par l’auteur est que cet argent, qui provient majoritairement des pays riches pour se diriger vers des pays pauvres, est en fait lourdement taxé par des intermédiaires financiers issus des pays riches, de telle sorte que cette redistribution est en fait bien moindre qu’elle devrait être.