Malbouffe : comment lutter ?

Trop grasse, trop sucrée, trop fade, l’alimentation industrielle 
est sur la sellette depuis une quinzaine d’années. Mais comment 
faire évoluer la qualité des produits et les habitudes des consommateurs ?

Peu de néologismes peuvent se vanter d’un succès aussi fulgurant. Lorsqu’en 2001, il entre dans Le Petit Robert, le terme « malbouffe » n’a été (re)mis 1 au goût du jour que depuis quelques mois par l’incontournable leader de la Confédération paysanne, José Bové. C’est lors du fameux « démontage » du McDo de Millau (août 1999) qu’il dit l’avoir utilisé pour la première fois. La malbouffe, dans la bouche du médiatique agriculteur, c’est d’abord la standardisation de l’alimentation, l’émergence d’une « nourriture de nulle part » qui fait que l’on retrouve « les mêmes goûts partout »2. Mais le terme ouvre également sur une critique de l’industrialisation de l’agriculture et de l’usage de techniques potentiellement dangereuses pour la santé, qu’il s’agisse d’hormones, d’OGM ou de pesticides.

 

Un « modèle alimentaire français » ?

Le succès est immédiat, et la dénonciation de la malbouffe va peu à peu s’émanciper de la sphère altermondialiste où elle est née pour devenir un problème de santé publique. Car l’idée s’est longtemps maintenue que la France était protégée des méfaits de la malbouffe grâce aux vertus de son « modèle alimentaire » dans lequel, comme le dit le ministère de l’Agriculture, « manger n’est pas seulement un acte fonctionnel, c’est un plaisir quotidien et partagé qui obéit à certaines règles : la convivialité, la diversité alimentaire, le respect d’horaires fixes et la structuration des repas autour de trois plats principaux 3 ». Mais l’augmentation du taux d’obésité dans la population française, particulièrement rapide au cours des années 1990-2000 (7 % d’obèses et 36 % de personnes obèses ou en surpoids en 1970, respectivement 15 % et 47 % en 2009 4), a obligé à être moins cocardier. Et à constater que ce « modèle français » tend à s’effriter, en particulier chez les moins de 35 ans qui passent deux fois moins de temps à cuisiner que leurs aînés. La consommation d’aliments préparés, souvent trop riches en graisse, en sucre ou en sel, augmente donc, d’autant que les Français mangent de plus en plus souvent à l’extérieur de leur domicile. Par ailleurs, on constate que si les personnes obèses tendent à consommer davantage de fromage, de pâtisseries et de viandes, elles n’ont pas une alimentation moins diversifiée que les autres. Ainsi, « ni la variété de l’alimentation, ni la permanence d’un goût pour les produits patrimoniaux ne protègent de la prise de poids 5 » et des risques qui l’accompagnent (diabète, hypertension artérielle, maladies cardiovasculaires et respiratoires, cancer…).