« Dans l’ensemble, il nous semble que les mentalités à l’égard du multiculturalisme n’ont pas changé de façon spectaculaire aux Pays-Bas entre 1999 et 2004, contrairement à ce que prétendent souvent les médias », concluent trois chercheurs néerlandais sur la base d’une enquête menée auprès de 250 Néerlandais « de souche ». Quoique tardives, ces données sont significatives : c’est en 2002 et 2004 que deux homicides (Pim Fortuyn et Theo Van Gogh) ont jeté le doute sur le caractère paisible de la cohabitation entre minorités immigrées et majorité néerlandaise, et remis en cause, selon certains porte-parole, le bien-fondé des politiques multiculturelles de ce pays. Selon cette étude, les Néerlandais ont une opinion assez neutre à l’égard du multiculturalisme, ce qui veut dire qu’ils ne le désapprouvent pas, sans en être des partisans convaincus. D’un côté, ils n’attendent pas que les étrangers adoptent leur culture, mais de l’autre, ne sont pas très nombreux à vouloir les aider à conserver la leur. En revanche, ils approuvent plus nettement le principe de l’égalité de droits. L’important, soulignent les chercheurs, est de voir que ces opinions n’ont pas été modifiées par les événements tragiques des années 2002 et 2004. Un résultat à confronter à la hâte avec laquelle certains dirigeants européens concluent à l’échec de l’idée multiculturelle.
Saskia R.G. Schalk-Soekar et al., « L’adhésion au multiculturalisme aux Pays-Bas », Revue internationale des sciences sociales, n°192, 2011