Le « mythe » et le « mythique » font partie de ces notions imprécises et néanmoins pratiques qu'on appelle « mots-valises », car ils sont capables d'emporter un grand nombre de significations. Un muthos n'était, semble-t-il, en langue grecque ancienne qu'une narration quelconque. Récupéré en français au xixe siècle, le mot devint savant : on le réserva à ces légendes anciennes, celles des dieux et des héros, dont les philosophes grecs, au ve siècle avant J.-C., avaient attaqué la vraisemblance, sans pour autant les déclarer totalement fausses.
Le destin moderne du mythe était scellé : ni histoire, ni fiction, le mythe est, dans un premier sens, un récit mémorable appartenant à une tradition, orale ou écrite. Mais pour qualifier le mythe, il faut au moins trois éléments : un texte, un récitant respectueux et un auditeur sceptique.