Nourrir 10 milliards de Terriens en 2050

Face aux risques qui pèsent sur notre capacité, à travers la planète, de nous nourrir, l’agriculture doit relever un triple défi : sécurité, santé et soutenabilité.

L’accès à l’alimentation est une nécessité vitale pour les êtres humains. L’agriculture répond depuis toujours à cet enjeu universel, pilier central de la sécurité individuelle et collective. Alors que chaque heure, 10 000 personnes s’ajoutent à la table du monde, la géographie de l’alimentation va profondément changer ces prochaines années. Après l’Asie aujourd’hui, ce sera demain l’Afrique qui portera la croissance de la demande alimentaire mondiale. Le continent a déjà vu sa population doubler depuis 1990, il connaîtra un autre doublement pour atteindre 2,5 milliards en 2050.

Une équation alimentaire toujours plus complexe

Sur le plan qualitatif, la population va aussi changer. Les systèmes alimentaires devront s’adapter à la croissance continue des villes, avec des consommateurs aux modes de vie et au pouvoir d’achat très différents au sein des métropoles. Plus de deux milliards de personnes habiteront dans des bidonvilles en 2050, ce qui nécessitera des politiques publiques adaptées. Dans le même temps, les rangs de la classe moyenne, très diverse d’un pays à l’autre, vont grossir. Cela occasionnera de nouvelles attentes et exigences pour les agricultures du monde, alors que la problématique de l’accessibilité à la nourriture restera prégnante.

En 2050, les consommateurs ne seront pas les mêmes qu’aujourd’hui. Plus âgée en Europe – dès 2030, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 20 ans en France –, aux États-Unis mais aussi en Chine – un tiers de la population aura plus de 60 ans en 2050 –, la population sera plus jeune en Afrique subsaharienne. Seniors et millennials auront de nouveaux besoins et des attentes spécifiques pour leur alimentation, obligeant producteurs et industriels à s’adapter sans cesse. Les transitions alimentaires s’opèrent à des rythmes différents. Elles ne conduiront pas à une uniformisation des régimes. Ceux-ci vont aussi se transformer avec, dans certaines régions du monde, des assiettes plus végétales (essor des protéines végétales), quand elles seront ailleurs plus ouvertes à des produits animaux, gras et sucrés. Pour satisfaire toutes ces demandes, l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) estime qu’il faudra augmenter de 50 % la production d’ici 2050.