Thé, café ou chocolat ? Cette question classique du matin est née au début du xviiie siècle dans les classes aisées de l’Ouest de l’Europe, avant de se diffuser au-delà de l’Occident. Débuter la journée par un premier repas organisé autour d’une de ces boissons dopantes que l’on sucre peut sembler passablement anecdotique. Pourtant, ce geste familier rappelle quotidiennement la construction inégalitaire du Monde (1) initiée au XVe siècle.
Si les Européens quittèrent alors leur continent, c’est qu’ils recherchaient de nouvelles routes de la soie et des épices. Certains produits leur devinrent ensuite indispensables, en particulier le sucre (voir l’encadré p. 46). Or la canne, comme le caféier, le cacaoyer ou le théier d’ailleurs, ne supporte pas le climat tempéré. D’où la mainmise indispensable sur des lieux situés sous les tropiques, pas trop loin de l’Europe, lieux qui nécessitaient l’importation forcée de main-d’œuvre servile. Inversement, les régions tempérées lointaines n’intéressent que médiocrement les colonisateurs jusqu’à l’explosion démographique du Vieux Continent au XIXe siècle, moment où les « pays neufs » deviennent des prolongements européens.
Cette quête de l’altérité zonale laissa au milieu du XXe une marque géographique frappante : lorsque s’imposa l’idée de tiers-monde, il s’avéra que les pays sous-développés étaient alors très majoritairement situés dans la zone intertropicale, le « Sud ». Cet héritage s’est d’ailleurs vite révélé hétérogène : les pays pauvres d’Asie orientale, les plus éloignés des anciennes métropoles, « émergent » à des degrés divers dans l’économie mondiale dès les années 1970-1980. C’est même cette apparition d’un pôle développé non occidental qui fait prendre conscience de la mondialisation (2). La manière dont le Monde fut construit à partir des grandes découvertes est donc largement responsable de sa géographie contemporaine. Même si, aujourd’hui, des héritages plus anciens ressurgissent.
La matrice du monde moderne
En 1985, l’économiste japonais Ohmae Kenichi invente la formule commode de « triade » pour décrire la nouvelle polarisation du Monde. Cette formule a eu un avantage : elle soulignait le bouclage du Monde, le fait que, pour la première fois, le centre du Monde était devenu un anneau, comme l’illustre la continuité temporelle de la bourse mondiale (3). Le poids croissant du Japon, l’émergence des nouveaux pays industrialisés (NPI) et, surtout, la montée en puissance spectaculaire de la Chine rappellent des réalités beaucoup plus anciennes qu’une hiérarchie économique entre les Occidentaux et le reste du Monde. Les « grandes découvertes » de Zheng He font aujourd’hui figure de référence en Chine (voir l’encadré p. 44).Les Européens n’avaient pas été les seuls à se lancer dans des aventures maritimes au très long cours au début du XVe siècle. La situation, dans l’ensemble de l’Ancien Monde, créait en effet un besoin de nouvelles routes. Un siècle auparavant, l’Empire mongol, en transformant un temps la route de la soie en une immense construction politique, avait fait exploser les échanges de la Méditerranée au Japon en passant par l’Insulinde, pour le meilleur (papier, imprimerie…) ou pour le pire (peste noire, poudre à canon…). L’effondrement de cet ensemble trop immense avait fractionné les routes de l’Ancien Monde, mais laissé des connaissances du lointain (Marco Polo) et des demandes devenues insatisfaites (les épices pour les Occidentaux).
Rien là qu’on ne sache depuis longtemps, certes. Mais c’est que l’échelle du Monde ne s’imposait pas, malgré quelques fresques intellectuelles au grand souffle, celles de l’historien français Fernand Braudel ou du sociologue américain Immanuel Wallerstein en tout premier lieu. On préférait se référer à l’autonomie des civilisations juxtaposées. S’il est un phénomène intellectuel intéressant provoqué par la mondialisation contemporaine, c’est bien celui d’avoir « connecté » (3) les différents lieux de l’Histoire, d’avoir fait glisser vers le haut le curseur sur l’échelle géographique. L’ensemble de l’Ancien Monde, du Nord du Sahara à la mer de Chine, devient donc un objet intellectuel important, la matrice du monde moderne. On a pu ainsi parler de l’œuvre de Gengis Khan et de ses descendants comme d’une prémondialisation continentale (l’« archaic globalization » de Christopher A. Bayly, ce que j’appelle aussi le « système Ancien-Monde »).
La capture de l’Amérique, un avantage décisif
Ce dépassement rétroactif de la Renaissance européenne a pour conséquence l’abandon du modèle évolutionniste linéaire tel que l’Europe des Lumières puis le positivisme du XIXe siècle l’avaient formalisé. Cette « fin des grands récits » est largement celle où les lieux étaient classés par étapes – la succession des modes de production marxistes en représentait la version la plus formalisée, mais parler de sous-développement ou de décollage s’inscrivait dans le même paradigme évolutionniste.Seul le Japon pouvait poser problème face à une vision de la construction du Monde par diffusion à partir du vieux centre européen relayé par l’Amérique du Nord. Avec le développement de toute la façade pacifique de l’Ancien Monde, c’est un héritage d’une autre dimension qui resurgit. Tout le chapelet de sociétés effectivement connectées, dont l’Antiquité méditerranéenne puis l’Europe médiévale ne formaient que l’extrémité occidentale, ne peut plus apparaître uniquement comme un ensemble d’anciennes civilisations plus ou moins rétives à la modernité, objets de l’orientalisme. En épaississant ainsi son passé, le Monde contemporain multiplie et diversifie ses héritages. Il ne les enferme pas dans des cadres étanches de civilisations qui s’entrechoquent.
Dans cette perspective de géohistoire globale (voir l’encadré p. 47), la montée en puissance, puis la domination européenne jusqu’en 1914, prolongée par celle des États-Unis durant le XXe siècle, n’apparaissent plus que comme un moment dans une tendance beaucoup plus lourde de l’histoire humaine. Alors qu’au cours du Paléolithique, la diffusion avait fractionné l’écoumène en petits groupes, la tendance depuis la fin de la dernière glaciation est à l’épaississement des relations dans l’Ancien Monde, par augmentation des effectifs et par tissage d’interconnexions. Rien d’étonnant qu’aient jailli de l’Eurasie des efforts pour trouver de nouvelles routes quand les plus anciennes ne suffisaient plus ; mais l’initiative décisive n’était pas fatalement européenne.
Le point essentiel qui donne, un temps, l’avantage au « Vieux Continent », découle de la capture de l’Amérique qui lui échut. Déjà avant Christophe Colomb, des pêcheurs japonais longeaient les côtes de l’Alaska et des marins européens en quête de morue croisaient au large de Terre-Neuve. En poussant au-delà des littoraux, d’abord pour contourner ce qui était vu comme un obstacle sur la route de la Chine et des Indes, Espagnols, Portugais puis d’autres s’emparèrent de terres et de sociétés qu’ils intégrèrent rapidement aux échanges du Monde, qu’on ne peut plus dès lors qualifier d’Ancien. Cette mainmise inattendue doit beaucoup à l’isolement des sociétés amérindiennes qui, à l’écart des grands brassages microbiens dus aux fortes connexions entre sociétés eurasiatiques, furent massacrées par l’involontaire guerre bactériologique apportée par les conquistadors. Les mêmes pandémies se seraient produites si l’Amérique avait été abordée par l’ouest.
Les colonisations en miroir
Alors qu’ailleurs, en Afrique, en Inde, en Chine, au Japon, les Européens, jusqu’au XVIIIe siècle, peinent à fixer quelques comptoirs et ne peuvent guère que s’insérer dans les circuits locaux pour y greffer leur commerce (voir les Points de repère p. 48), en quelques décennies ils ont pu se rendre maîtres d’immenses territoires transatlantiques.La conséquence la plus immédiate fut l’injection dans les échanges déjà mondiaux de grandes quantités de liquidités, par l’exploitation des gisements de métaux précieux jusque-là peu utilisés. Ce phénomène typique de la production d’une périphérie géographique n’avait jamais été effectué à une telle échelle. En quelques décennies, d’importantes quantités d’or et d’argent américains transitent par l’Europe et finissent dans des joyaux indiens ou des toits de pagodes bouddhistes. Entre-temps, cette inflation a dopé les interactions et donné une place nouvelle à l’Europe vis-à-vis des autres ensembles sociaux de l’Ancien Monde.
S’il n’est donc pas excessif de mettre en relation colonisation et révolution industrielle au centre du système, il est prudent de distinguer deux phases : globalement, jusqu’au milieu du XVIIIe siècle, c’est l’exploitation de ses périphéries qui donne progressivement l’avantage à l’Europe ; puis c’est l’avance acquise par les colonisateurs qui leur permet, durant quelques décennies, de s’offrir une grande partie du Monde. Les moyens démographiques, militaires et économiques des Occidentaux, entre 1850 et 1930 environ, représentent un tel différentiel par rapport aux autres sociétés qu’ils ont pu construire une vision du Monde dans laquelle ils représentent la forme la plus avancée d’un progrès linéaire, destiné à se répandre à toute l’humanité.
Or l’empreinte de cette seconde colonisation semble peu pérenne. Si l’héritage britannique au nord de l’Amérique ou ibérique au sud du Rio Grande est à la fois ancien et durable, les traces néerlandaises en Indonésie ou françaises en Indochine sont presque effacées. Finalement, c’est plus la géographie des positions antérieures aux grandes découvertes qui semble se lire dans la carte du Monde contemporain qu’une opposition entre un Nord, naguère atlantique, maintenant en « triade », et un Sud marqué globalement par les stigmates coloniaux.
Le fait le plus frappant est sans doute la situation de l’Afrique subsaharienne. C’est moins l’héritage d’une colonisation de quelques décennies (des années 1880 aux années 1960, pour l’essentiel) que celui d’un pillage multiséculaire des ressources humaines qui permet de comprendre sa marginalité dans la mondialisation. Or pour expliquer la traite négrière, il faut remonter bien avant les grandes découvertes, non seulement pour en pister les trafics précédents, mais surtout pour comprendre ce qui rendait cette partie du monde ancien déjà fragile. Dans le jeu des connexions, l’Afrique est bien avant le XVe siècle en position périphérique. En découle sa forte altérité sociale, son originalité dont les héritages vivants sont très certainement beaucoup sous-estimés dans la construction d’un patrimoine mondial des manières de vivre ensemble ; mais il en procède aussi sa moindre résistance aux jeux inégaux de l’échange. Il y a très longtemps que l’Afrique est mal partie – et ce n’est évidemment pas la responsabilité des Africains.
Quelque provocatrice que puisse paraître cette dernière remarque, elle s’inscrit dans une prise en compte d’héritages de très longue durée largement occultés un temps par l’omniprésence de la marque occidentale. Par bien des traits, il n’est pas absurde de trouver que l’écoumène du XXIe siècle ressemble plus à celui du xive qu’à celui du xixe. L’importance acquise par le Japon naguère, la Chine hier, l’Inde aujourd’hui, sans doute demain l’Iran, le monde arabe, la Turquie et quelques autres sociétés – ce qu’il est convenu de nommer en jargon diplomatique la « multipolarisation » – ramènent l’Union européenne, les États-Unis et la Russie, bref les très grands acteurs d’hier, à des rôles plus modestes.
Il n’en reste pas moins que la marque initiale de l’Europe dans la construction du niveau mondial n’est pas prête de s’effacer. Nous en revenons à notre petit-déjeuner. Les rythmes de vie, les coutumes vestimentaires, les manières d’habiter, bref toutes les normes mondialisées de la vie quotidiennes, même si elles peuvent être localement battues en brèche, ont une histoire enracinée dans l’Occident.
Le temps du Monde est long
Plus profondément, les concepts scientifiques, les valeurs morales et artistiques – et d’ailleurs les notions même de science ou d’art – ont des formes profondément occidentales qu’il est juste, pour mieux comprendre et gérer le Monde, de s’efforcer de les rendre plus universelles. Pour cela, l’histoire du Monde ne peut que décentrer ses perspectives, décoloniser pourrait-on dire sa périodicité en mettant l’accent sur l’ensemble des interactions à l’œuvre dans le temps très long dont les « temps modernes » des Occidentaux ne sont qu’un élément régional.Le Monde est devenu présent. Il n’y a pas si longtemps, il était loin, très loin, au-delà des horizons, comme désir d’aventures, projection de peurs intimes ou promesse de nouveautés radicales qu’on ne savait concevoir autrement que comme des formes de notre passé. Les autres étaient un nous inversé. Aujourd’hui les deux bords de l’horizon se sont rejoints, il n’est plus d’île mystérieuse. Le Monde restreint impose des diversités qu’on ne veut pas voir, des relations qu’on n’est plus sûr de choisir. Il n’y a pas encore si longtemps – un siècle, c’est peu pour l’histoire de l’humanité –, ce monde semblait plein de certitudes aux Occidentaux qui le façonnaient à leur image. Moins qu’ils le croyaient, mais suffisamment tout de même pour rester encore aujourd’hui le moule trop restreint de l’universel.
Durant quelques siècles, les Européens ont eu néanmoins raison. Le Monde du XXe siècle est largement hérité des quatre cents années précédentes, pendant lesquelles ils en ont façonné la géographie. L’inégalité entre pays riches et pauvres, ainsi qu’elle saute aux yeux au mitant du dernier siècle, au moment des décolonisations, n’était ni éternelle, ni inévitable. Mais elle prenait ses racines dans la quête forcenée que les habitants d’un petit cap tempéré de l’Asie menèrent pour des produits lointains, surtout tropicaux. Plus décisif encore, en cousant les différentes régions de l’humanité, les Européens concentrèrent en un lieu des richesses prélevées (brutalement) ailleurs, dans un Monde qu’ils construisaient comme leur périphérie (5).
Ils permirent ainsi, pour le meilleur et pour le pire, cette « grande transformation » qui multiplia les productions et autorisa l’augmentation colossale de l’espèce humaine.
NOTES
(1) Écrit avec une majuscule, le Monde qualifie le niveau géographique homogène regroupant le plus grand nombre possible d’êtres humains. Il s’étend aujourd’hui à l’humanité entière, alors que sa caractéristique, dans le passé, était d’être composé de plusieurs fractions autonomes. Ainsi, les Amériques ou l’Australie, avant d’entrer dans le giron occidental, constituaient des mondes à part.
(2) Les mots de « mondialisation » et de « globalisation » sont inventés respectivement en 1964 et 1959. Mais c’est seulement vers 1980 qu’ils tombent dans le domaine public, témoignant d’un monde qui vient de changer. Voir R.-É. Dagorn, « Une brève histoire du mot “mondialisation” », Mondialisation. Les mots et les choses, Karthala, 1999.
(3) C’est pourquoi les planisphères classiques, centrés sur l’équateur, peinent à représenter la réalité du Monde contemporain : voir C. Grataloup, « La carte : un monde subliminal », Sciences humaines, hors-série « Le monde de l’image », n° 43, décembre 2003/janvier-février 2004.
(4) La connected history s’intéresse aux passeurs d’une civilisation à une autre qui tissent les liens concrets du système Monde. Voir S. Subrahmanyam, Explorations in Connected History. From the Tagus to the Ganges, Oxford University Press, 2005 ; O.S. Labianca et S.A. Scham, Connectivity in Antiquity. Globalization as a long term historical process, Equinox Publishing, 2005.
(5) O. Dollfus, La Mondialisation, Presses de Sciences po, 1997.
Christian Grataloup
Géographe à l’université Paris-VII–Denis-Diderot et chercheur de l’équipe Géographie-Cités. Spécialiste de la cartographie, il travaille, dans une perspective globale, multidisciplinaire et au long terme, sur les représentations de la mondialisation. Dernier ouvrage paru : Géohistoire de la mondialisation. Le temps long du Monde, Armand Colin, 2007.Les racines chinoises de la mondialisation
Depuis le néolithique, la population humaine n’a cessé d’augmenter et de se diffuser, dynamique qui ne pouvait, sauf catastrophe, que déboucher sur l’émergence d’un niveau mondial. La mise en relation des différentes sociétés préexistantes nécessitait de grands voyages maritimes. Jusqu’au xve siècle, c’est l’inverse qui s’est produit : la plus grande partie de l’humanité est interconnectée par des voies terrestres (routes de la Soie et leurs prolongements) et de cabotage (Méditerranée, routes des Épices du golfe d’Aden aux mers de Chine). L’empire mongol des XIIIe‑XIVe siècles représente l’apogée de cette mondialisation continentale. Au xve siècle, de nouvelles routes sont recherchées pour améliorer ces échanges anciens.Les Européens étaient-ils les mieux situés pour devenir les initiateurs de ces « découvertes » ? Les anciennes liaisons étaient assurées par les sociétés les plus centrales dans l’Ancien Monde. La diffusion de l’islam, que ce soit par les routes terrestres ou maritimes, donne une image assez précise de cette ancienne centralité. Aux deux extrémités orientale et occidentale de ce faisceau de relations, en revanche, on tente au xve siècle un contournement plus maritime. C’est la dynastie Ming qui débute ces voyages : 7 grandes expéditions sont menées de 1405 à 1433, auxquelles reste attaché le nom de l’amiral Zheng He. Le fait qu’il ait été musulman a sans doute contribué à son ouverture vers « l’océan de l’Ouest » (son père et son grand-père avaient fait le pèlerinage de La Mecque). Les jonques ont été jusqu’à l’actuel Kenya et sans doute jusqu’au Mozambique. Certains auteurs contemporains, sans la moindre preuve sérieuse (mais non sans arrière-pensées), imaginent même une découverte chinoise de l’Amérique.
En 1433, un coup d’arrêt brutal est donné à cet effort, coûteux même pour l’empire du Milieu. Les énormes vaisseaux de haute mer (les flottes auraient compté plusieurs dizaines de milliers de marins et de soldats) sont détruits. La Chine renonce au grand large au moment où les Portugais amorcent le contournement de l’Afrique.
On peut difficilement ne pas s’interroger sur ce qu’aurait été le monde s’il avait résulté de découvertes orientales et non occidentales. On comprend qu’alors que Zheng He, oublié lors de la période maoïste lorsque la Chine « comptait sur ses propres forces », soit devenu aujourd’hui un important héros national. En 1985, sa résidence de Nankin est restaurée : il s’agit alors plutôt de rappeler aux pays d’islam que la Chine a pu compter des dirigeants musulmans. Depuis 2000, un musée et un parc Zheng He ont été ouverts au public, sa « tombe » (vide, il est mort et a été inhumé au large de Calicut) a été restaurée, ses chantiers navals sont fouillés, une exposition s’est déroulée sur la place Tien An Men et d’autres festivités sont prévues dans la perspective des jeux Olympiques et de l’exposition universelle de Shanghai.
Zheng He permet de rappeler que la mondialisation n’est pas sans racines chinoises.