« Tout procédé de dopage est absolument interdit, à tous les niveaux. Les prescriptions édictées dans le Code mondial antidopage seront scrupuleusement observées. »
Cet article du Code éthique du Comité international olympique (CIO) rappelle les deux grands principes du sport de compétition : le mérite personnel de l’athlète et l’égalité des chances entre les compétiteurs, qui garantissent le principe d’incertitude du résultat. Le mérite consacre l’effort personnel et lui seul. Tout recours à des artifices, des adjuvants ou des aides est assimilable à ce que l’on appelle communément le dopage.
Le dopage recouvre un ensemble de substances et de méthodes qui visent l’amélioration de la performance, soit en augmentant un facteur majorant (la masse musculaire, la capacité respiratoire, la motivation, l’endurance), soit en diminuant un facteur minorant (l’anxiété ou la fatigue). Même si l’on réduit souvent le dopage à ses effets purement biologiques, ceux de la pharmacopée ou des bioingénieries, on peut aussi parler de dopage technique, voire de « dopage magique » (encadré).
Le détectable et l’indétectable
Face au dopage, la mission de l’éthique du sport est double. D’une part, elle doit pouvoir définir ce qu’est une performance dite « normale », c’est-à-dire qui ne soit pas produite par des déterminants artificiels. D’autre part, elle devra en assurer le contrôle par des tests fiables. Depuis sa mise en place en 1999, l’Agence mondiale antidopage (Ama) dresse tous les ans la liste des produits et des méthodes prohibés. De plus, depuis 2009, un passeport biologique a été adopté afin de contrôler les constantes biologiques individuelles de l’athlète sur le long terme. Un résultat anormal peut en effet révéler un cas de dopage mais aussi signifier que certains athlètes ont « naturellement » des constantes anormales.
La première difficulté réside dans la définition des « moyens naturels » de la performance. Nous donnerons l’exemple d’une hormone, l’érythropoïétine (EPO), qui est produite naturellement par l’organisme. Elle permet d’augmenter le nombre de globules rouges dans le sang quand l’organisme se trouve en déficit d’oxygène comme c’est le cas dans les sports d’endurance (courses longues, cyclisme, natation, etc.). Il existe trois façons d’augmenter l’EPO : l’entraînement en altitude, c’est-à-dire en milieu pauvre en oxygène, l’utilisation d’un caisson hypoxie qui recrée les conditions de l’altitude et enfin l’injection d’EPO de synthèse. Le CIO et l’Ama acceptent les deux premières et interdisent la dernière. L’argument du rejet est ici de dire que l’EPO de synthèse n’est pas naturelle et qu’elle pénètre l’organisme par injection. Certes, mais on pourrait tout aussi bien rétorquer que l’usage d’un caisson hypoxie n’est en rien naturel. On peut même ajouter que l’usage excessif d’un caisson peut être éminemment dangereux pour la santé de l’athlète car l’excès de globules rouges (polyglobulie) épaissit considérablement le sang et augmente le risque de caillots, de thromboses et d’embolies. Cet exemple montre que dans de nombreux cas, la définition du dopage ne repose sur aucun critère objectif, mais plutôt sur une norme relative et transitoire qui reste critiquable.