Promu comme un mode de transport écologique et bon pour la santé, le vélo reste une pratique investie de manière très inégale par les filles et par les garçons. À l’origine de ces différences se trouve la conjugaison de deux types de stéréotypes de genre : ceux liés aux activités sportives – qui valorisent chez les garçons le défi physique et la recherche de performance – et ceux inhérents aux mobilités dans l’espace public – dont les filles sont souvent plus encouragées à craindre les dangers. Telle est la conclusion du sociologue David Sayagh, qui a enquêté auprès de 82 jeunes de 17 à 18 ans. Ses résultats montrent que contrairement à d’autres activités sportives, la mixité n’est généralement pas facteur d’égalité : les garçons ont tendance à adopter vis-à-vis des filles une attitude protectrice semblable à celle qu’on observe dans l’espace public, où ils les guident et les transportent sur leur porte-bagage, sans accepter d’inverser les rôles. En définitive, les adolescentes qui réussissent le mieux à investir la pratique du vélo le doivent souvent à des histoires de vie singulières – pratiques sportives intenses, identité de « garçon manqué », parents investis dans la lutte contre le sexisme – qui leur auront donné l’occasion de dépasser cet ordre du genre.
À LIRE
•David Sayagh, « Du vélo entre pairs durant l’adolescence dans ou contre l’ordre du genre. Mixité ou non-mixité : là n’est pas la question », Agora débats/jeunesses, n° 90, 2022/1.