Pékin - Ville impériale, ville olympique

Depuis la Révolution de 1949, Pékin a arasé de vastes pans de la ville ancienne pour bâtir une capitale contemporaine. Les anciens lieux de pouvoir impériaux sont aujourd’hui réinvestis tout en étant tournés vers la mondialisation.

Un demi-siècle après que les Mongols eurent été chassés de Chine, Pékin devint le siège du gouvernement impérial des Ming en 1421. La cour, auparavant établie à Nankin, s’était déplacée au nord, au plus près de la menace barbare. Eclipsée durant la décennie de Nankin (1927-1937), la ville retrouve sa prééminence en 1949, avec la proclamation solennelle par Mao sur la place Tianan men de la fondation de la République populaire de Chine. La symbolique est forte : la ville est en Chine le lieu de la majesté du pouvoir, celui de la supériorité culturelle des fonctionnaires lettrés, et non pas l’espace créateur de libertés civiles qu’elle a été dans l’Europe médiévale. Pékin est aussi le haut lieu des manifestations politiques, point de départ du mouvement du 4 mai 1919, de la révolte antimaoïste du 5 avril 1976, et du grand embrasement de mai-juin 1989 et de sa sanglante répression.

 

Soixante ans de bouleversements

A l’encontre de ce que de grands urbanistes et architectes tels que An Yongyu et Liang Sicheng projetaient pour le Pékin d’après 1949 (une cité nouvelle hors les murs, préservant le caractère unique de la ville et ses murailles), le paysage urbain avait déjà été altéré avec la construction, en 1959, dans le plus pur style soviétique des « Dix grands édifices » destinés à marquer avec éclat le 10e anniversaire du nouveau régime : le grand hall du Peuple, siège de l’Assemblée populaire nationale, le Musée national, la gare de Pékin, le palais de l’Agriculture, le palais des Minorités, le stade des Ouvriers, le Musée militaire, l’hôtel des Minorités, la résidence d’Etat Diaoyutai et l’hôtel des Chinois d’outre-mer. La destruction des imposantes murailles qui cernaient la ville (23,5 kilomètres de longueur, 12 mètres de hauteur, 10 mètres de largeur !) durera jusqu’en 1965. Pour agrandir la place Tianan men à sa taille actuelle, quelque 20 000 bâtiments et habitations seront rasés. L’élargissement des voies de communication et la création de Chang’anjie, une artère est-ouest de 38 kilomètres, alors que l’axe traditionnel de Pékin était nord/sud, transformera profondément la physionomie de la ville. La Révolution culturelle, avec le déchaînement des gardes rouges contre les « Quatre vieilleries », apportera également son lot de dévastations.