En novembre 2019, dans le dernier bulletin annuel de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), son secrétaire général, Petteri Taalas, se désole : « Il n’y a aucun signe de ralentissement, et encore moins de diminution (…), malgré tous les engagements pris au titre de l’accord de Paris sur le climat. » Depuis près de trente ans, les pays multiplient les conférences internationales qui visent à diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). Jusqu’ici sans avancées réelles. Désormais, le réchauffement n’a plus rien d’un horizon abstrait auquel les humains auraient encore tout loisir de se préparer. Pour certaines populations insulaires, il est déjà trop tard : elles doivent quitter leurs îles englouties par la montée des eaux. La Papouasie-Nouvelle-Guinée a dû retrouver un logement aux 2 500 habitants des îles Carteret en 2012. Patrick Nunn, géographe australien, a également pu établir grâce à des témoignages des populations locales que deux îles de Micronésie autrefois peuplées, Kepidau en Pehleng et Nahlapenlohd, ont disparu dans le Pacifique à la fin des années 2000. D’autres îles se préparent à subir le même sort, tandis que l’Arctique fond beaucoup plus vite que ce qu’avaient anticipé les scientifiques. À qui la faute ?
Dès les années 1970, des scientifiques se sont inquiétés de ce qu’ils appellent alors une « variabilité climatique », dérèglement dont la responsabilité est aussitôt attribuée aux activités anthropiques. C’est dans cette décennie que paraît le rapport Meadows (1972). Il est suivi de premières réunions sous l’égide des Nations unies pour parler environnement, dont la conférence de Stockholm la même année (1972) ou celle de Nairobi dix ans plus tard (1982). Mais la véritable conférence qui va lancer le bal des négociations internationales autour des rejets de GES dans l’atmosphère est le sommet de Rio en 1992, aussi appelé le Sommet de la Terre. Elle est suivie d’autres conférences internationales dont les plus connues sont celles de Kyoto en 1997, qui débouche sur le fameux protocole du même nom, la Cop15 à Copenhague en 2009 et la Cop21 à Paris en 2015. Certaines sont saluées comme des succès : le qualificatif « chef-d’œuvre de diplomatie » a été utilisé pour désigner la Cop21 par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Les États et les organisations non gouvernementales (ONG) participants avaient tous salué un accord réunissant 195 pays pour lequel les diplomates français ont œuvré en coulisse, parvenant à graver dans le marbre le principe de ne pas réchauffer la planète au-delà de 2°C par rapport à l’ère préindustrielle. Mais si l’effort diplomatique a été applaudi, dès sa publication son inefficience en matière de lutte contre le réchauffement a également été souligné. D’autres conférences apparaissent comme de cuisants échecs, comme la Cop15 au Danemark, où les oppositions des États-Unis, premier émetteur de GES par habitant, et la Chine, premier émetteur en chiffre absolu, ont empêché tout accord sur leur réduction.