Les 4 et 5 septembre derniers, s’est tenu à l’Iredu (Institut de recherche sur l’éducation/université de Bourgogne-Franche-Comté) un colloque sur le thème « Nouvelle gestion publique et évolution des conditions de travail des professeurs des écoles, quels liens ? » La « nouvelle gestion publique » renvoie à des formes d’organisation et d’évaluation du travail qui se sont développées en phase avec le « tournant libéral » des dernières décennies : de plus en plus, les travailleurs sont tenus de s’impliquer personnellement, de rendre des comptes sur leur action, de se montrer autonomes et surtout efficaces. Les effets de ces évolutions sur les personnes sont décrits en termes de stress, de souffrance au travail, voire de burnout…
Surtout analysées dans les entreprises privées ou encore dans le milieu hospitalier, ces évolutions pénètrent, certes avec une « basse intensité » (comme le dit un participant au colloque), l’institution scolaire : l’autonomie, l’évaluation, la contractualisation deviennent autant de leitmotive dans les réformes, en France comme d’ailleurs dans un grand nombre de pays de l’OCDE. Les effets de ces réformes sur les élèves et les enseignants sont jusqu’alors mal connus, d’où l’intérêt de ce colloque focalisé sur l’évolution des conditions de travail des enseignants et plus particulièrement sur les professeurs des écoles, en France et aussi au Québec et au Royaume-Uni.
De plus en plus de dispositifs
Les différents travaux présentés (prochainement accessibles sur le site de l’Iredu) mettent l’accent, parmi les composantes de la nouvelle gestion publique, sur la montée des exigences de contractualisation et d’individualisation de l’enseignement, et sur leurs conséquences concrètes sur le travail quotidien des professeurs des écoles. Qu’il s’agisse de monter des « plans personnalisés de réussite éducative » (PPRE) ou d’organiser la scolarité des enfants porteurs de handicaps dans leur classe, les enseignants ont à mettre en place de plus en plus de dispositifs, de contrats et d’évaluations, qui empiètent sur leur temps et les contraignent à des justifications constantes. Même si sur le fond, ces évolutions reçoivent souvent une adhésion de principe de la part des enseignants – a priori favorables à tout ce qui va dans le sens d’une personnalisation de l’enseignement –, elles sont vécues unanimement comme une surcharge. De plus, il peut y avoir des tensions, au sein même du monde enseignant, entre une conception du métier centrée sur l’enfant sous tous ses aspects (éducation, santé, bien-être, etc.), et une conception focalisée sur l’élève et ses performances. D’où la tentation de quitter le métier ?
, « Nouvelle gestion publique et l’évolution des conditions de travail des professeurs des écoles, quels liens ? », MSH-Dijon, 4 et 5 septembre 2017.