Psychologie des faux aveux

Comment en arrive-t-on à avouer des crimes que l’on n’a pas commis ? 
Par contrainte ? Par calcul ? Ou parce que l’on se croit réellement coupable ?

Qu’un innocent en vienne à signer des faux aveux et avouer un crime qu’il n’a pas commis est un phénomène intrigant et inquiétant. Ces faux aveux ne sont pas si rares que cela… En 1997, par exemple, Daniel Williams a été interrogé par la police après qu’on eut découvert le meurtre de sa voisine, Michelle Moore-Bosko. L’homme passe alors aux aveux et sera condamné. Mais quelques années plus tard, l’affaire est rouverte et un nouveau suspect est arrêté. Il s’agit de Joseph Dick, qui passe à son tour aux aveux et déclare même avoir agi avec deux complices. Problème : au terme d’une longue investigation menée par The Innocence Project, un groupe d’avocats qui se mobilisent pour défendre les innocents en prison, les quatre accusés seront innocentés et libérés. En France, le jeune Patrick Dils avait lui aussi avoué le meurtre de deux jeunes garçons et fait dix-sept ans de prison, avant que l’on découvre que le meurtrier en série Francis Heaulme rôdait dans les parages lors du meurtre.

Combien sont-ils, ces condamnés innocents qui ont été amenés à faire de faux aveux ? Selon une étude américaine, 20 à 25 % des personnes disculpées après des analyses ADN étaient dans ce cas (1). L’Innocence Project a été capable de blanchir plus de 200 personnes qui avaient été condamnées à tort. 49 d’entre elles avaient avoué un crime dont on sait aujourd’hui, par des preuves génétiques, qu’elles étaient innocentes. Comment peut-on en arriver là ? Qu’est-ce qui pousse des gens à avouer des crimes qu’ils n’ont pas commis ? Pour Saul Kassin, psychologue spécialiste des faux aveux au John Jay College of Criminal Justice de New York, il existe plusieurs types de faux aveux (2).