On a rarement vu la psychanalyse s’aventurer sur le terrain de la culture rock. Il y a pourtant matière, si l’on prend la peine de relever, avec Philippe Givre, combien la violence pulsionnelle est présente dans cette musique et ses à-côtés. Le hard rock, son énergie brute et ses symboles morbides en fournissent l’exemple extrême. Plus que tout autre courant musical, le rock semble permettre cette sublimation performative ou, selon le mot emprunté à Gilles Deleuze, cette « excitation du vouloir » dans toutes ses contradictions et sa part tragique. De quelle manière des déchirements intimes ou des tensions intérieures, jusqu’aux plus enfouies, viennent-elles se révéler dans cette forme d’expression musicale si propice à l’exposition de soi ? Pour s’en faire une idée, l’auteur convoque trois grandes figures de la scène rock à l’identité tourmentée. Le premier se nomme David Bowie (1947-2016), pionnier du glam rock du début des années 1970, transfiguré sur ses disques comme à la scène dans de multiples personnages. Sous ces déguisements perce la hantise de la folie, en particulier celle d’un frère aîné à jamais marqué par la guerre et ainsi poussé au suicide.
Pulsions Rock
Pulsions rock, Philippe Givre, Puf, 2020, 192 p., 19 €.