PUNIR Les sanctions sur la sellette

L’Éducation nationale demande aux enseignants de se passer des punitions depuis… 1890 ! Le Conseil supérieur de l’instruction publique clamait alors sa préférence pour « une discipline libérale » n’envoyant pas les enfants au piquet ni ne les privant de récréation. Pourtant, aujourd’hui, 60 % des enfants de primaire disent avoir été punis au moins une fois, selon une enquête d’Éric Debarbieux. Le plus souvent, il s’agit de privation de récréation, de cris de la part des enseignants, de mots aux parents ou de lignes à copier. Au collège, il faut y ajouter retenues et exclusions. Des pratiques qui ne suffisent pas toujours à endiguer les violences, et qui, selon É. Debarbieux, créent un sentiment d’injustice chez 44 % des élèves.

Quelques auteurs, comme Yves Bonnardel, philosophe libertaire, ou Catherine Guéguen, tenante des neurosciences affectives, enjoignent à se passer de toute forme de violence, menace et coercition vis-à-vis de l’enfant. Mais une vaste majorité des penseurs et chercheurs en éducation estiment qu’il n’est ni possible ni souhaitable de se passer des sanctions. Philippe Meirieu, par exemple, considère que « seuls les êtres responsables de leurs actes sont punis ». Reste à savoir comment rendre la punition efficace. Sur ce point, les travaux les plus récents donnent la part belle à l’explicitation et à la consistance des règles, d’une part, et à la participation des enfants dans leur construction, d’autre part.

Pour aller plus loin…

  • L’Impasse de la punition à l’école
    Éric Debarbieux (dir.), Armand Colin, 2018.
  • La Domination des adultes. L’oppression des mineurs
    Yves Bonnardel, Myriadis, 2015.