On se souvient sans peine de la démission collective, en mars 2004, de trois mille directeurs d'unités de recherche au CNRS : elle marquait le sommet de la révolte des chercheurs et universitaires français contre la pénurie de crédits et de postes affectant leurs professions. Dans ce conflit opposant les chercheurs du secteur public à leur ministère, un point d'accord néanmoins existait : le constat de la stagnation des investissements de recherche et développement en France depuis une bonne dizaine d'années. S'il était urgent de « sauver la recherche », c'était aussi que, dans le même temps, les indicateurs signalaient la rapide progression d'autres acteurs sur la scène internationale : les Etats-Unis, le Japon, bien sûr, mais aussi, en Europe, la Finlande, la Suède, la Grèce, le Danemark, et ailleurs dans le monde, l'Inde et la Chine. Toutefois, l'accord n'allait pas plus loin : pour les chercheurs en grève, il s'agissait d'obtenir des moyens et des embauches ; pour le ministère, d'opérer de profondes réformes dans le système de la recherche publique. Après armistice et discussion, les grandes lignes d'un avenir possible furent trouvées à l'automne 2004 : promesse d'une loi de programmation garantissant l'augmentation des ressources sur six ans et, en échange, création d'un organisme de répartition de crédits selon des règles nouvelles.
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La pensée éclatée
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