Les inégalités sont au cœur de l’actualité, car l’ensemble des pays de la planète connaissent, à des degrés divers, une augmentation des écarts de revenus et de patrimoine en leur sein.
Pourtant, ce sont les inégalités dans leur dimension économique qui sont alors questionnées. La réponse qui leur est apportée passe le plus souvent par la redistribution. Ces constats sont importants mais ils n’épuisent pas, et de loin, la question des inégalités sociales, telle que les sociologues et autres chercheurs en sciences sociales, ainsi que des philosophes, les décrivent et les conçoivent.
L’étude des inégalités s’inscrit dans une histoire. En effet, les inégalités socioéconomiques, dites de « classe », ont recouvert la notion. Les autres types d’inégalités (« ethnoraciales » ou de genre) sont apparus comme des problèmes secondaires d’un point de vue intellectuel et politique. Ainsi, le marxisme (courant qui était et est toujours loin d’être unifié) a été une tradition intellectuelle et politique dominante, il a conduit les sociologues à s’intéresser aux modes de vie de la classe ouvrière (Maurice Halbwachs, La Classe ouvrière et les niveaux de vie, 1912) et plus encore à la classe ouvrière en tant qu’acteur de la production et comme acteur politique, un angle qui fut central dans le moment de refondation de la sociologie française après la Seconde Guerre mondiale (voir les travaux d’Alain Touraine, de George Friedmann, etc.). Les travaux de Richard Hoggart (La Culture du pauvre, traduit en France par Jean-Claude Passeron en 1970) et bien sûr, de Pierre Bourdieu (La Distinction, 1979), complexifieront la représentation des classes sociales en y intégrant une dimension statutaire, ce que Bourdieu nomme le « capital culturel ». La période se caractérise alors par la réduction des inégalités économiques, et notamment patrimoniales en France. Les enjeux éducatifs deviennent centraux dans les approches différentes qui s’intéressent aux inégalités. Raymond Boudon développe, à la même période que Bourdieu, une réflexion en termes d’individualisme méthodologique sur l’inégalité des chances et les stratégies individuelles qui y contribuent.