Que faire des hystériques ?

Maladie de l’utérus ou du cerveau ? À soigner par le mariage ou par la parole ? Ces questions ont hanté les médecins pendant des siècles… jusqu’à ce que l’hystérie se volatilise !

Tâche ardue que celle de définir l’hystérie. Tantôt mal de mère, tantôt affection neurologique, tantôt douleur accablante, tantôt théâtre des simulations, elle intrigue depuis des siècles. Utilisé soit comme substantif soit comme adjectif, le terme a subi diverses transformations tout au long de sa grande histoire. De sorte qu’avec la question de savoir ce qu’est cette affliction, il faut nécessairement enchaîner en demandant : à quel moment ? Et pour qui ?

 

Traitement de choix : le mariage !

Car l’hystérie fut de tout temps une maladie protéiforme aux symptômes divers, dont les manifestations bizarres et mystérieuses n’ont jamais fait l’unanimité d’un diagnostic. Véritable objet de fascination dans les champs médicaux et extramédicaux, la figure de l’hystérique polymorphe se glisse d’un domaine à l’autre avec une aisance particulière. Démoniaque possédée chez les uns, muse rebelle chez les autres, l’hystérique revêt mille visages.

Des troubles dits « hystériques » remontent, nous dit-on, à l’Antiquité. Depuis les sources égyptiennes jusqu’aux traités romains, en passant par le corpus hippocratique, les médecins de l’époque expliquent par une étiologie utérine les divers symptômes d’émotivité excessive, de suffocation, de difficultés respiratoires dont souffrent certaines femmes. De telles manifestations seraient dues à une trop grande mobilité de la matrice qui, se mouvant verticalement, compresserait les autres organes et produirait tous ces maux étranges. Cette mutation utérine étant attribuée à l’insatisfaction sexuelle, mariage et procréation deviennent des cures de premier choix.