La baisse du temps de travail est un phénomène de longue durée, renforcé à l'échelle de la vie entière par l'augmentation des jours de congé, l'allongement de la vie et l'abaissement de l'âge de la retraite, ainsi que l'allongement de la durée des études et le chômage. Le temps libre se trouve donc globalement en progression constante dans l'ensemble des catégories sociales 1. Toutefois, cette évolution globale doit être nuancée, en raison de l'impact de la conjoncture économique, des disparités selon les professions, et de la durée du temps de transport, souvent importante pour de nombreuses personnes 2.
Le temps de travail et le nombre de jours de congés varient considérablement selon la profession
En 1982, la semaine de travail est ramenée à 39 heures et les pratiques semblent s'harmoniser. Mais depuis une dizaine d'années, on assiste à une diversification progressive et même à un allongement dans certains cas, de la durée du travail. Au cours des années 90, la durée moyenne du temps de travail hebdomadaire habituelle des actifs (non compris les heures supplémentaires, ni les temps de transport et de repas) est de nouveau passée au-dessus de la barre des 40 heures (près de 42 heures).
Le temps de travail varie considérablement selon les professions : les agriculteurs, les artisans, les commerçants, les chefs d'entreprises déclarent travailler généralement plus de 50 heures ; parmi les salariés, les cadres travaillent en moyenne environ 43 heures, les employés et les ouvriers un peu moins de 40 heures. D'autre part, le nombre de jours de congés varie encore plus fortement selon les métiers : les enseignants ont en moyenne 115 jours de congés annuels, l'ensemble des salariés 40,5 et l'ensemble de la population active 55 jours.
La durée du temps libre varie en outre fortement en fonction de la durée du temps de transport entre le domicile et le lieu de travail. L'allongement des distances entre le lieu de travail et le domicile n'est pas toujours compensé par la réduction de la durée du transport rendue possible par la généralisation de l'automobile.
Enfin, pour approcher le temps des loisirs, il faut déduire le temps de travail domestique. Au total, les femmes cadres passent deux fois moins de temps à faire la cuisine et la vaisselle que les ouvrières, du fait notamment d'un meilleur équipement ménager et du recours au personnel de maison.
Au milieu des années 60, 44 % des Français partaient au moins une fois en vacances dans l'année. Ils sont environ 60 % en 1995 3. Toutefois, cette progression n'a pas été continue. L'essentiel s'est opéré entre la fin des années 60 et l'année 1983, où le taux de 58 % était déjà atteint. Depuis, l'évolution est plus irrégulière et la progression beaucoup plus lente. 1983 apparaît également comme un point de rupture dans l'évolution du nombre moyen de journées de vacances par personne : stable aux environs de 30 jours, il n'a cessé de baisser jusqu'à 27 jours. Tout en réduisant la durée globale des vacances, les Français ont dans l'ensemble tendance à les fractionner de plus en plus en au moins deux périodes. Si les vacances d'hiver ont connu une forte progression, elles sont à la fois les plus sensibles à la conjoncture économique et les plus socialement discriminantes.
La pratique des vacances a fortement crû. Mais quatre français sur dix ne partent toujours pas en vacances
Les ouvriers et personnels partent cinq fois moins souvent durant cette période que les cadres supérieurs et professions libérales. Sur le long terme, l'écart se réduit (rappelons que la pratique était presque inconnue chez les ouvriers avant la fin des années 70), mais l'écart est toujours de un à cinq.