Quel avenir pour les villes moyennes ?

Les villes moyennes peinent à exister face aux métropoles et au charme des espaces ruraux. Peuvent-elles conserver une certaine vitalité ? Quelle stratégie de reconquête ?

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Désindustrialisation, dévitalisation commerciale, désertification. Les villes moyennes incarnent, dans la diversité de leurs situations, une forme de déclin urbain. Reportages, même par le prestigieux New York Times, rapports d’experts, ouvrages très documentés dépeignent une situation et un avenir préoccupants pour ces éléments importants de la géographie et de la vie quotidienne françaises. Se situant entre les métropoles, aujourd’hui célébrées, et le monde rural, les villes moyennes subissent de plein fouet la décrépitude des industries manufacturières, les recompositions des services publics et la spécialisation de zones périphériques d’activités assemblées souvent autour de grands centres commerciaux. La plupart d’entre elles s’estiment en difficulté, voire en déshérence. Elles ont peur d’être sacrifiées par rapport à des territoires aujourd’hui plus attractifs. Le tableau est certainement plus nuancé que ce qui est rapporté par des visions parfois trop catastrophistes. Des villes de province montrées du doigt, Albi par exemple, font d’ailleurs part de leur indignation face aux peintures trop sombres.

Incarnant un certain mode de vie et un patrimoine à la française, ces communes restent souvent prisées des touristes mais elles préoccupent leurs habitants qui peinent à y trouver tous les services et les emplois dont ils ont besoin au quotidien.

Une définition floue

La catégorie « ville moyenne » demeure imprécise. Il n’existe pas de définition canonique et définitive des villes moyennes, mais des conventions statistiques. La taille plancher de cette catégorie s’échelonne, en France, de 10 000 à 50 000 habitants, tandis que la taille plafond varie de 100 000 à 200 000 habitants. Une autre manière de compter consiste à recenser l’ensemble des agglomérations de moins de 100 000 habitants ayant, au moins une fois depuis les années 1960, compté au moins 50 000 habitants. Sont plus généralement considérées comme moyennes les communes dont la population s’échelonne entre 20 000 et 100 000 habitants. On compte environ 20 % de la population hexagonale dans les agglomérations des villes moyennes. En comparaison, à l’échelle européenne, où 70 % de la population est urbaine, un citadin sur deux vit dans une ville de moins de 100 000 habitants. En France, la population des villes moyennes a augmenté depuis les années 1960, significativement moins que dans les métropoles mais plus que dans les aires urbaines plus petites. C’est surtout la périphérie de ces villes moyennes qui a été concernée par la croissance démographique, avec des centres-ville connaissant parfois de fortes décroissances, notamment dans le Nord-Est et le Centre de la France.

Économiquement et en termes d’emploi, trois fonctions caractérisent les villes moyennes : les services aux personnes (de la distribution au BTP), les administrations publiques, l’industrie. Ces deux derniers domaines ayant connu les plus grands ajustements, il s’ensuit des territoires marqués, physiquement et socialement, par la diminution et la transformation des emplois industriels et administratifs. La différenciation apparaît toujours plus nette avec, d’une part, des métropoles qui concentrent les emplois de conception et de recherche et, d’autre part, un monde rural qui se caractérise par les activités agricoles et, surtout dans l’Ouest et le Sud de l’Hexagone, par la présence des retraités.

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Des situations variées

Mal desservies par les réseaux de grande vitesse et le débit rapide, terreau des votes radicaux, ces communes ont déjà été malmenées par la désindustrialisation, la stagnation voire la décroissance démographique, la nouvelle organisation des administrations d’État. Si certaines de ces villes moyennes ont pu avoir leur gare TGV, ce n’est pas le cas de la majorité, ne se trouvant pas sur des lignes à grande vitesse ou ne constituant pas un point d’arrêt. Elles ne se situent pas dans des zones blanches pour le haut débit, mais ce peut être encore le cas pour une partie de leurs périphéries. Les transformations de l’organisation publique, en particulier à la suite de la Révision générale des politiques publiques (RGPP) menée à la fin des années 2000, ont conduit à une diminution des moyens pour les services publics de l’État. Les villes moyennes étant souvent des préfectures ou sous-préfectures, elles ont subi de plein fouet la recomposition des moyens de l’État au sein d’agences nationales, la fermeture de tribunaux ou de succursales de la Banque de France. La décentralisation, de son côté, a davantage profité aux métropoles, ne compensant pas le désinvestissement administratif qu’ont pu connaître des villes moyennes façonnées, historiquement, par la présence de l’État.

Collectif, , n° 403, hiver 2016. Collectif, , n° 168-169, 2017/1 . Collectif, , 2013. Collectif, , n° 2, avril 2012.