Qui était Jésus ?

Jésus semble avoir été prophète et messie à la fois. Comment expliquer ce cumul de fonctions religieuses ?

C’est une question qui se pose pour tous les fondateurs de religion : Jésus s’est-il considéré ou a-t-il été considéré comme un personnage prophétique ou comme un personnage messianique ? Cette question amène deux réponses apparemment contradictoires : oui et non ! De son vivant, il ne s’est jamais montré comme un messie 1, ses contemporains l’ont désigné tout au plus comme un prophète 2. Après sa mort, ses disciples ont cru qu’il a ressuscité, le croyant vivant, et ils ont alors commencé à le regarder comme le Messie.

Il est impossible de comprendre le message et la médiation de Jésus si on ne les replace pas dans le cadre des espérances judéennes (ou juives) du 1er siècle de notre ère. Il est certain, en effet, que le message de Jésus s’est façonné dans un milieu spirituel précis. Les critiques proposent cependant diverses hypothèses, qui couvrent tout l’échiquier du monde judéen de l’époque, allant des pharisiens 3 aux esséniens 4, sans oublier les baptistes 5 et les zélotes 6.

En réalité, face à l’absence d’éléments réellement pertinents, Jésus reste difficile à situer. Il est fort possible toutefois qu’il n’ait été tout simplement qu’un Judéen pieux de la Galilée, originaire de la classe des prêtres. En d’autres termes, Jésus aurait été un prophète charismatique qui se transforme, ou que l’on a transformé, en un prophète eschatologique (annonçant la fin des temps), avant d’être désigné par le titre de messie. Dans l’Évangile selon Matthieu, tout en affirmant son caractère prophétique et messianique, l’auteur présente Jésus comme « un prédicateur de synagogue » et un « annonciateur de bonne nouvelle ». Bref, Jésus s’est trouvé au centre d’une espérance qu’il est possible de qualifier de nouvelle : il a relayé ainsi les espérances judéennes traditionnelles, en proclamant notamment leur « accomplissement ».