Qui gouverne l'économie mondiale ?

A cette question, la science économique n'a rien à répondre. Elle s'est enfermée, comme le rappelle Christian Chavagneux, dans les modèles abstraits des relations marchandes qui lui rendent étranger les phénomènes de pouvoir. Pour comprendre les forces et formes du pouvoir économique, il faut sortir des modèles désincarnés de la science : ce que propose ce hors-série d'Alternatives économiques. Apparaissent alors les acteurs principaux de l'économie mondiale. Qui sont-ils ?

Les Etats qui ont perdu de leur poids face à l'essor des marchés financiers, du commerce international et de l'autonomisation des autorités monétaires, mais qui disposent encore d'un rôle non négligeable (à travers les politiques budgétaires, les infrastructures, l'aide à certains secteurs). Les organisations internationales (FMI, Banque mondiale, OMC) ou le G7 tentent de constituer un pouvoir « supra-étatique », mais les nations les plus fortes - Etats-Unis en tête - y jouent un rôle prédominant. Les firmes multinationales pèsent de manière plus importante après la vague de fusions-acquisitions des années 90. Le poids des « marchés financiers » (banquiers, fonds de pensions, investisseurs institutionnels) s'est considérablement accru depuis vingt ans et depuis que les actionnaires ont repris le pouvoir aux managers dans les grandes entreprises.

Enfin, d'autres acteurs ne doivent pas être oubliés : les « Big five », agences d'audit et de conseil financier (comme Arthur Andersen, KPMG, etc.), les mafias, les contre-pouvoirs des ONG.

Il y a aussi les « think tanks », ces clubs très fermés qui inspirent les gouvernants, ou encore les réseaux militants qui, eux, luttent contre la mondialisation et « participent d'un combat d'influence au niveau des idées qui est loin d'être négligeable » (Eve Channing). Les « idées » auraient, elles aussi, leur poids dans l'économie mondiale ?

publicité