Une finance prédominante

Les pays pauvres prêtent aujourd’hui aux riches. 
Ce paradoxe s’explique par une structuration 
inédite de l’épargne, dans une économie mondiale 
de plus en plus libéralisée.

La mondialisation n’est pas un phénomène nouveau. Si l’on s’en tient à ses aspects purement économiques (part des exportations dans le PIB, importance de la croissance des flux de capitaux entre pays…), une première mondialisation avait déjà eu lieu de la fin du XIXe siècle jusqu’à la Première Guerre mondiale. Durant l’entre-deux-guerres, le retour à des mesures protectionnistes a mis fin à ce processus, qui n’a repris qu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Une accélération prodigieuse

Non, ce qui est beaucoup plus nouveau, c’est le gigantesque mouvement de libéralisation financière (suivant en cela la « règle des 3D » de l’économiste Henri Bourguignat : déréglementation, dérégulation, désintermédiation – soit la réduction du rôle des intermédiaires, les agents financiers agissant directement sur des marchés de plus en plus libéralisés) initié à partir du début des années 1980. Selon le FMI, la somme des capitalisations boursières, des dettes publiques et privées, ainsi que de l’actif des banques, représente aujourd’hui plus de 4 fois le PIB mondial ! Cette accélération prodigieuse des transactions financières, entre autre motivées par des fins spéculatives, a été entretenue par l’informatisation et la robotisation des processus d’échanges, par l’intermédiaire desquelles des plus-values, dit-on, peuvent se réaliser – ou non – à la nanoseconde près !