Droit de vote, progression spectaculaire de l'éducation des filles et de l'emploi des femmes, procréation maîtrisée, la seconde moitié du xxe siècle a été, pour les femmes, porteuse de changements marquants.
Face à ces transformations sociales à la fois massives et complexes, évidentes mais contradictoires, que disent les « sciences de l'homme » ?
Ce débat, les sociologues Margaret Maruani, Jacqueline Laufer et Catherine Marry l'ont proposé comme fil conducteur du colloque « Sciences de l'homme et différence de sexe : le temps de la reconnaissance » (Paris, la Sorbonne, du 19 au 21 juin 2002) en lui donnant une dimension européenne. En prenant comme objet d'analyse le statut des femmes dans la société et leur place dans le monde du travail, des chercheur(e)s de différentes disciplines - sociologues, économistes, historien(ne)s, statisticien(ne)s, etc. - ont montré comment l'intégration de la dimension homme/femme a contribué au renouvellement de leurs problématiques de recherche.
Certain(e)s ont aussi pointé comment la négation de cette dimension, sous couvert d'universalité, pouvait être liée à un certain retard sur la question des femmes, comme en France par exemple.
Dans les années 50, l'analyse des inégalités sociales en termes de classe est première : la domination des femmes par les hommes est incluse dans les inégalités de classe. Par ailleurs, la notion de travail s'appuie sur la figure masculine de l'ouvrier de la grande entreprise industrielle, laissant ainsi de côté un certain nombre d'activités économiques. C'est pourquoi les études pionnières s'attachent à sortir le travail des femmes de l'invisibilité et à montrer ses spécificités. Les femmes sont alors traitées comme une catégorie à part. L'étude des travailleuses étant fortement ancrée dans l'analyse sociale de la classe ouvrière, ce sera la condition des femmes du peuple qui sera principalement analysée.