Se marier ou pas ?

Prophétisée dans les années 1970, la fin du mariage n’a pas eu lieu. Chaque année, plus de 200 000 Français se passent la bague au doigt. Qu’est-ce qui les motive ?

Lors d’un repas de famille, mon beau-frère a annoncé qu’il allait se marier. Quelle ne fut pas ma surprise, moi qui croyais, statistiques à l’appui, que les jeunes générations avaient définitivement abandonné cette pratique. « Mais pourquoi veux-tu te marier ? », lui ai-je demandé. Mon beau-frère a quitté la France pour aller vivre auprès de sa conjointe, en Allemagne. Ils se sont rencontrés lors d’un voyage en Australie, alors que tous deux baroudaient à travers le monde. Jolie romance ! « Je l’aime », a-t-il répondu comme une évidence, avant d’ajouter : « Je veux recréer la famille que je n’ai plus en Allemagne » ; et de compléter après quelques secondes de réflexion : « Je vois trop d’amis autour de moi qui font des enfants sans cadre pour les accueillir… Quand ils se séparent, c’est problématique. Je n’ai pas envie que mes enfants vivent ça. »

Témoigner de son amour et organiser la vie familiale, voilà les arguments qu’il a mis en avant. Ces motivations se retrouvent-elles parmi les couples qui veulent se marier ?

Le mariage est d’abord un rite religieux, puis civil. Comme le montre notamment l’historienne Anne Verjus 1, à la fin du 18e siècle, la famille constituée du couple marié et de ses enfants devient la cellule de base de la République naissante. L’époux en est le représentant officiel dans l’espace public. Jusque dans les années 1970, le mariage constituait une norme sociale incontournable pour fonder une famille. Malheur à celles qui tombaient enceintes hors mariage ! Le mariage a perdu de sa superbe avec les nouvelles aspirations des générations de Mai 68 : les jeunes soixante-huitards aspiraient à vivre une vie plus libre, émancipée des carcans familiaux et des contraintes institutionnelles.