1. Le poids du milieu social
Les sociologues s’intéressent d’abord aux causes sociales, au premier rang desquelles le milieu familial d’où viennent les enfants, pour expliquer la réussite ou l’échec. Dans les années 1950-1960, les sociologues expliquaient l’échec scolaire dans les milieux populaires par un « handicap socioculturel » lié à la pauvreté des stimuli (langage restreint, problèmes familiaux, absence d’investissement scolaire). À partir des années 1970, Pierre Bourdieu a mis l’accent sur le rôle de l’« habitus » (forme de socialisation inconsciente) et du « capital culturel » (livres, voyages, connaissance de l’institution scolaire) comme clé de la réussite. Les enfants des milieux cultivés sont éduqués dans un bain culturel qui coïncide avec celui de la culture scolaire. L’école exerce donc un tri invisible opéré par la culture scolaire. Pour rendre compte d’un fait épineux – la réussite scolaire d’élèves issus de milieux populaires –, certains sociologues comme Bernard Lahire ou Chantal Jacquet ont souligné le rôle différencié de l’investissement parental ou des socialisations multiples (et non homogènes) : certains enfants intègrent les codes et valeurs de plusieurs milieux, la famille, les médias, les pairs ou l’école.
2. Les stratégies des élèves
Les sociologies de l’acteur s’intéressent moins aux origines sociales des élèves qu’à leurs stratégies. Car si un élève est conditionné par son milieu d’appartenance et évolue dans un monde contraignant, il sait aussi évaluer les situations, effectuer des choix qui le conduisent à s’engager ou se soustraire à tel ou tel type d’orientation. C’est ainsi que Raymond Boudon a considéré les inégalités des chances scolaires en prenant en compte les stratégies d’orientation scolaire (familiales et individuelles).