Vivre sans État ?

Six visions du monde sans État

• Proudhon (1809-1865)
« L’ordre dans l’anarchie »

photo de Proudhon (1809-1865)
© WIKICOMMONS

Un anarchiste dans l’hémicycle : en 1848-1849, Pierre-Joseph Proudhon occupe pendant un peu moins d’un an un siège de député à l’Assemblée nationale constituante, plus tard comparée à un « isoloir » rempli d’élus « qui ignorent (…) complètement l’état d’un pays ». Dénonciateur de la propriété comme « vol », Proudhon voit dans l’État, même démocratique, une aliénation : il conduit l’individu à être « gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné… ». Son anarchisme ne signifie cependant pas la loi de la jungle : pour lui, « la société cherche l’ordre dans l’anarchie ». Face au capitalisme et au socialisme autoritaire, il plaide pour un « mutuellisme », c’est-à-dire une socialisation des moyens de production et de financement et une égalité dans l’échange.

• Bakounine (1814-1876)
L’anarchisme insurrectionnel

photo de Bakounine (1814-1876)
© WIKICOMMONS

Pionnier de l’anarchisme russe, Mikhaïl Bakounine a mené une vie aventureuse, de sa Russie natale à l’Europe occidentale et centrale constellée de révolutions, en passant par les États-Unis et l’Angleterre. Critique de « l’absolue domination de l’État », il déplore l’acceptation temporaire par les marxistes du jeu parlementaire et de la conquête de l’appareil d’État comme voie d’accession au pouvoir. Il voit également dans le concept de « dictature du prolétariat », censé mener au dépérissement de l’État, les germes d’un pouvoir autoritaire. Pour lui, l’action politique du prolétariat se doit d’être insurrectionnelle et égalitaire, à l’image de la Commune de Paris de 1871.