Existe-t-il au PS un malaise, voire un divorce, entre la doctrine originelle et le parti ?
Il est difficile d’établir s’il y a un malaise chez les militants et les élus par rapport au socialisme. Ils se définissent tous et sont définis comme « socialistes ». Lorsque Manuel Valls a proposé un changement de nom, il n’a pas rencontré de succès au sein du parti. Le mot véhicule plein d’affects et de symboles. En revanche, il est vrai que l’on assiste à une banalisation d’autres qualificatifs : social-démocrate, progressiste, réformiste, social-libéral. Il apparaît que « socialiste » est devenu une marque plus qu’un produit : il existe un hiatus entre l’étiquette et le contenu. Le terme et l’identité restent enracinés mais ne correspondent plus au contenu historique. Il n’y a plus grand-chose de commun entre la politique gouvernementale actuelle, qui s’inscrit dans les pas d’un Tony Blair ou d’un Gerhard Schröder, et la doctrine socialiste prévalant jusqu’au début des années 1980. Les socialistes, au gouvernement et dans les textes d’orientation, ne sont jamais allés aussi loin dans l’acceptation de l’économie de marché, la valorisation de l’entreprise, la remise en cause des « acquis sociaux ». Cette politique ne correspond ni au programme du parti élaboré avant 2012, ni aux attentes de beaucoup, d’où le désarroi qu’elle suscite et sa disqualification comme politique « social-libérale ». Peu songent à la qualifier de socialiste, sauf à recourir à un argument nominaliste : la politique menée est socialiste car menée par des socialistes !