La question de l’ancienneté de la guerre divise. Elle a reçu, et continue de recevoir, deux grandes réponses.
La première fait remonter la guerre avant même les origines de l’humanité, à nos ancêtres animaux. Dans cette perspective, elle aurait donc des fondements naturels, même si, bien entendu, ceux-ci ne suffisent pas à rendre compte des diverses formes qu’elle a prises dans les différentes sociétés humaines. La seconde option proclame au contraire, à l’instar de l’anthropologue Margaret Mead, que « la guerre est une invention sociale 1 », un phénomène propre à l’espèce humaine, apparu à un moment déterminé de l’évolution de ses structures de vie collectives. Quant au moment de ce basculement, on l’identifie le plus souvent, ainsi que le fait Jean-Paul Demoule 2, à la Révolution néolithique – certains auteurs, telle Marylène Patou-Mathis, ne situent son émergence véritable qu’avec l’âge du bronze 3.
« Des gens inoffensifs »
L’idée que les chasseurs-cueilleurs « classiques » (ceux qui ne sont pas sédentaires) seraient pacifistes est aujourd’hui largement répandue, tout au moins en France. Ce ne fut pas toujours le cas : il y a quelques décennies, il était admis qu’ils étaient volontiers belliqueux – ce n’est pas pour rien que tout au long du 19e siècle, l’époque de la chasse-cueillette était dite de la « sauvagerie ». En fait, c’est seulement dans les années 1950-1960 que s’est imposée l’image du chasseur-cueilleur ignorant la guerre, se démarquant ainsi nettement des cultivateurs et éleveurs ultérieurs.